...

Après avoir observé les étiquettes de nos tubes ou  de nos godets de peinture,
(relire ici)
observons plus particulièrement quels sont les pigments bleus dont nous pouvons disposer,
et surtout ceux qui nous sont indispensables.

b

Le bleu phtalocyanine ( PB15): ( Phtalocyanine de Cuivre)
Il en existe plusieurs versions : le  PB15:1 ; le PB15:6,( qui sont plus rougeâtres et permettent de réaliser des violets intenses) et le
PB15: 3 qui est le bleu primaire " neutre" ( le cyan).
Transparent, léger, avec un très fort pouvoir colorant, c'est un bleu " moderne", indispensable, facile à mélanger.
Le bleu phtalocyanine ou bleu cyan nous vient de l'imprimerie : introduit en 1938, c'est un colorant synthétique employé dans l'industrie pour fabriquer des encres. Développé dans les années 1930, il est très utilisé aujourd'hui dans la fabrication des peintures.
La phtalocyanine se retrouve également dans la composition des disques enregistrables (CD-R / colorant phtalocyanine, couche d’or métallique)

Le bleu céruléum ( PB35) : (Oxyde de Cobalt et étain)
C'est le "bleu ciel".
C'est un bleu opaque, et lourd ( il " granule" surtout à l'aquarelle) ; c'est le bleu le plus couvrant, même s'il est moyennement colorant.
Il peut se "comporter" comme un primaire, même s'il a une teinte plus verdâtre que le précédent..
Il possède une nuance subtile et particulière qui le rend inimitable, notamment dans la composition de très beaux gris avec ses complémentaires (l'orange, le vermillon, les ocres rouges).
Il fut découvert en 1805 par le scientifique allemand Andreas Höpfner et commercialisé en aquarelle et en peinture à l'huile à partir de 1860 par George Rowney (Royaume-Uni) qui lui donna le nom de cæruleum, orthographié aujourd’hui céruléum.

Le bleu de Cobalt ( PB28) :( Aluminate de cobalt)
C'est un bleu plus violacé que les précédents, même s'il peut se " comporter" comme un primaire.
Il est semi- transparent ( ou semi-opaque) et lourd.
C'est une teinte de " caractère ", indispensable,  donnant des jolis violets avec les rouges, mais des verts un peu grisâtres et froids.
Isolé chimiquement en 1777 par Gahn et Wenzel mais synthétisé seulement en 1802 par Louis Jacques Thénard (d'où le nom de 'bleu de Thénard'), il est commercialisé à partir de 1804.
« Le bleu de cobalt est une couleur divine et il n'y a rien de plus beau pour installer une atmosphère » ( Vincent Van Gogh).

bvi

Le bleu d'outremer ( PB29):(Aluminosilicate de sodium)
C'est un bleu violacé pur et profond, indispensable, transparent, lourd et d'une belle puissance colorante.
Il est d'une belle richesse de teinte dans toutes les techniques, donnant de beaux violets en mélange avec des rouges ( froids) et de superbes glacis du fait de sa transparence.
Il existe aussi le magnifique violet d'outremer : PV15.
C'est la version " moderne" du lapis lazzuli. Il est nommé " outremer français ( ou " French Ultramarine) en hommage à son inventeur, l'industriel ( chimiste, polytechnicien) Jean Baptiste Guimet qui en 1827 met au point la synthèse du bleu outremer.
La Société pour l'encouragement de l'industrie nationale avait proposé, quatre ans de suite, un prix de 6 000 francs à qui présenterait un procédé industriel pour la fabrication d'un outremer artificiel que l'on pourrait vendre à moins de 300 francs le kilo en remplacement du bleu  obtenu auparavant par broyage du lapis-lazuli et qui coûtait 100 à 2500 fois plus cher. Le bleu Guimet servit aux artistes peintres, mais aussi comme agent azurant en blanchisserie et en fabrication du papier.

Le bleu d'indanthrène ( PB60): (Indanthrone)
C'est un bleu sombre, qui correspond à un bleu violacé assombri;
Il est très intéressant pur et en mélange du fait de sa transparence et de son fort pouvoir colorant ; il est  d'une belle profondeur, idéal pour nuancer les couleurs froides que sont les violets et les bleus en leur donnant donc ...  plus de profondeur.
D'un prix un peu élevé , il est toutefois beaucoup plus intéressant que l'indigo qui est souvent un mélange de pigments bleus (outremer, phtalo) et noir.

Le bleu indigo :
C'est l'équivalent d' un bleu violacé sombre...  remplacé désormais par le bleu d' indanthrène.
L'indigo véritable (NB1) est à l'origine obtenu à partir de plantes, soit  en Europe avec le pastel des teinturiers (ou guède), soit, avec l'établissement des empires coloniaux au XVIIe siècle, cultivées en Afrique ou en Asie, avec l'indigotier.
La substance colorante est extraite de la feuille, fermentée et hydrolysée, pour obtenir une substance incolore qui, oxydée, donne un pigment insoluble, utilisé dans les beaux-arts.
Pour la teinture, on utilise la forme incolore, et l'oxydation, donnant la couleur, s'effectue sur la fibre. La teinture obtenue à partir des indigotiers donne un bleu tirant sur le violet, alors que celle obtenue à partir du pastel tend plus vers le vert. Les couleurs obtenues à partir des plantes étant des mélanges variables, de tous temps on a corrigé les teintes par des mélanges, ce qui rend une définition de la teinte indigo impossible.
En 1880, A. Bäyer synthétisa l'indigotine, principe colorant des plantes à indigo.
L'indigo synthétique dit bleu d'indanthrone (voir plus haut) fut commercialisé après 1900 par BASF et amélioré dans les années 1920.
La couleur bleu indigo est souvent fabriquée à partir d'un mélange de pigments bleus (outremer, phtalo) et noir.
Même si le pigment "indigo" vient d'être synthétisé il y a peu, en tant que PB66)

Le Bleu de Prusse  (PB27) : (Ferrocyanure de fer )
C'est l'équivalent d'un bleu primaire assombri ; il est transparent, très colorant.
Il est délaissé actuellement au profit du bleu phtalocyanine ou de l'indanthrène ... et donc est en voie de disparition.
C'est la " tarte tatin" de la couleur , car il fut découvert accidentellement par le fabricant de couleurs Johann Jacob Diesbach dans le laboratoire d'alchimie de Dippe, à Berlin vers 1706.
Diesbach essayait de produire de la laque de Florence, un pigment carminé à base de cochenilles et d'alun. Normalement, il faisait bouillir des cochenilles finement pulvérisées dans de l'eau puis il rajoutait de l'alun, du sulfate de fer et de la potasse. Mais un jour,étant à cours de potasse, il en emprunte à son collègue Dippel qui travaillait sur "l'huile animale", une préparation à base de sang d'animal. En rajoutant cette potasse, qui était contaminée par de l'hexacyanoferrate, il n'obtint pas le rouge carmin attendu ; mais en concentrant le précipité, il obtint du pourpre puis un bleu profond.

bve

Et si vous voulez en savoir +:
sur le bleu :cliquez ici
sur l'histoire du bleu, cliquez

 

4 Thoughts on “Les pigments bleus …

  1. Un peu de bleu sous ce Ciel gris

  2. Ida Gauthier on 10 octobre 2016 at 10 h 32 min dit:

    On parle aussi des ” bleus à l’âme “, ne comptez pas sur moi pour vous faire rire !!

    HI HI !

  3. Aurélien Lemonneir on 28 juin 2017 at 5 h 55 min dit:

    Bonjour,
    pour une résidence d’artiste, je cherche à savoir comment fabriquer manuellement ces bleus, quelqu’un saurait comment faire?
    je vous remercie

    Aurélien

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