Le cinabre est un minéral composé de sulfure de mercure (c’est le minerai de mercure le plus répandu et exploité )
Il contient souvent dans sa forme native des inclusions d’antimoine, d’arsenic, de bitume, de sélénium, de sulfure de fer, de sulfate de calcium ou de baryum, de plomb ou de zinc, et il renferme du mercure libre.
Lors des derniers millénaires, le cinabre natif présent dans les gisements a été utilisé soit comme pigment, après extraction dans une veine pure, ou pour en extraire le mercure par décomposition thermique.
Le vermillon,de même formule chimique que le cinabre, est par contre un pigment minéral artificiel produit par synthèse, favorisé par un milieu alcalin.
Le cinabre est connu depuis la préhistoire.
Sa couleur est intense,même réduit en poudre ; on l'a utilisé comme colorant rouge vermillon, mais sa couleur varie de canelle au rouge écarlate en passant par le rouge brique, ce qui explique que le cinabre ait historiquement été utilisé comme pigment, principalement dans la peinture et les encres d'imprimerie, mais aussi comme colorant alimentaire traditionnel.
Il y a 4500 ans, les Chinois et les Égyptiens connaissaient déjà le mercure et son minerai, le cinabre. Les Chinois l’utilisaient il y a 3600 ans comme pigment pour les poteries ou comme encre. Ils auraient été les premiers, à avoir fabriqué le vermillon, au début de notre ère.
Au Moyen Âge, en Orient, les documents les plus importants étaient signés avec une encre à base de cinabre, de couleur pourpre (à Byzance, l'empereur seul pouvait l'employer) tandis qu'en Occident, certaines enluminures étaient réalisées à l'aide d'une encre à base de cinabre et de sanguine.Les artistes de l'époque prenaient soin d'isoler cette substance trop réactive aux autres pigments à l'aide de vernis et de la protéger des rayons solaires en posant par dessus des glacis (garance).
L'assombrissement ou le noircissement du cinabre constitue une importante problématique de conservation des peintures murales depuis l'antiquité, et représente toujours un casse tête sujet à polémiques.
Vitruve (De Architectura, VII) explique que : « Lorsqu'il est employé dans les appartements dont les enduits sont à couvert, le cinabre conserve sa couleur sans altération; mais dans les lieux exposés à l'air, comme les péristyles, les exèdres, et quelques autres endroits semblables où peuvent pénétrer les rayons du soleil et l'éclat de la lune, il s'altère, il perd la vivacité de sa couleur, il se noircit aussitôt qu'il en est frappé ». Ce dernier mentionne que de la cire punique aurait été appliquée sur les peintures murales pour empêcher que la lumière de la lune et les rayons du soleil, n'en enlèvent la couleur.
Actuellement, le noircissement les fresques de la villa des Mystères à Pompei en sont la parfaite illustration. Le nettoyage au laser de peintures murales contenant du cinabre est déconseillé en raison de l'altération chromatique qui en résulte.
La couleur écarlate du cinabre sous l'influence des rayons du soleil, s'altère jusqu'à devenir gris noir. Certains facteurs associés accélèrent ce changement chromatique, comme une forte humidité et une atmosphère fortement pollué. Seule la surface est dégradée, si elle est grattée, on peut apercevoir à nouveau la couleur rouge.