... ou les " peintres prolétariens "...
Parmi les peintres du canal, un petit groupe se distingue depuis le début des années 30 par un militantisme politique actif.
Presque tous " nés à la peinture " dans l'atelier de Cadenel : Antoine Serra, Louis Toncini, Simon Auguste, Finaud, Paul Sape, Antoine Ferrari forment le groupe de départ de ce mouvement, avec une exposition en 1928, à la galerie librairie Guibert.
D'autres participeront de près ou de loin à ces activités engagées : Canepa, Diana, Palmero, Cadenel, Pierre Marseille, Tognetti, Fraggi, Ludovic Monnier, Ambrogiani, le sculpteur Oscar Eishacker, Reboa, Paul Baille, François Lombardi.
Ces jeunes peintres qui ont 20 ans environ en 1930 n'exercent pas leur art à plein temps. Issus pour la plupart de milieux modestes, ils sont autodidactes et quelquefois mais rarement, élèves des cours du soir de l'école des Beaux-Arts de la place Carli.
Ils ne peuvent s'adonner à leurs travaux artistiques qu'après leur journée du travail.
Toncini était staffeur ; Serra porte-romaines depuis l'âge de 12 ans, ( les peseurs - jurés du port faisaient porter leur lourde balance romaine) ; Ambrogiani était facteur.
A la suite du très militant communiste Antoine Serra, ces artistes s'engagent à être les alliés de la classe ouvrière et se donnent le nom
de peintres prolétariens, puis celui de peintres du peuple.
Par une peinture triste et sombre
comme la vie difficile des ouvriers qu'ils représentent,
ils veulent témoigner du quotidien des travailleurs
et de l'exploitation de l'homme par l'homme.
Plusieurs expositions vont faire connaître les prolétariens entre 32 et 36.
Lorsqu' Hitler prend le pouvoir, se créée en France
l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires
dont vont faire partie, Gide, Malraux, Aragon.
Les peintres marseillais y adhérent immédiatement.
C'est sur la base de ces activités militantes qu'est créé par le Front populaire,
la Maison de la culture, rue Sainte au printemps 1936,
avec Cadenel et Toncini comme directeurs.
Mais très rapidement, la maison leur échappa et disparut en 1943, dévastée et pillée par les allemands. Il ne reste rien de cette expérience.
Après Cadenel reprit les locaux et y installa son atelier.
La guerre éparpilla les artistes prolétariens.
Ceux qui reprirent leurs pinceaux ensuite abandonneront
cette peinture engagée, triste, sombre
et reprendront le thème des paysages provençaux
avec très souvent une palette riche en pâte et en couleurs.
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Antoine Serra (1908 - 1995) fut dénoncé, traqué, condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité par le gouvernement de Vichy ; en cause : la propagande anti- nazie qu'il mena avec ses amis avant la guerre, puis seon engagement et ses responsabilités dans la résistance. Il réussit à se cacher en Provence pendant la guerre. Ensuite, il prit ses distances avec la vie de militant et retiré à Cabrières, puis dans les Alpilles, il abandonna la peinture de la lutte ouvrière au profit de la terre, la montagne, des villages, et le ciel de Provence.
Louis Toncini, (1907 - 2002) en vint ensuite aussi à la peinture colorée des Provençaux ... des paysages.
Pierre Ambrogiani (1907- 1985) fut l'un des rares à tirer son " épingle du jeu".
Il travailla beaucoup pendant la guerre et exposa plusieurs fois, grâce à André Maurice, qui " découvre" Ambrogiani en 1940, lui fournit toiles et couleurs, et lui consacre une exposition en 1943 et une autre en 1945 (d'abord à la galerie Jouvène, rue paradis puis à la galerie Sebire, place Estrangin)
Après la guerre, il l'accueille dans sa galerie parisienne du boulevard Haussmann.
Le succès est en marche.
Il avait commencé avec des caricatures, des sujets "hallucinants" de violence, de haine et de peur, inspirés par la guerre.
Mais, ensuite , il se mit à changer sa manière et commença à peindre d' un trait robuste, sobre et haut en couleur.
Admirateur de Cézanne, il trouva peu à peu son style.
Réfugié à Allauch après le bombardement de Marseille en mai 1944, il apprécie la vie à la campagne et le paysage magnifique.
L'espace envahi sa toile. " Le rouge souligne le vert, et le vert le rouge " ....
On retrouve ainsi avec une force passionnée, le fauvisme des provençaux, comme Seyssaud ou Chabaud.(revoir ? ici)
Après la guerre, à Paris il découvrira Rouault, Soutine, Chagall, Friesz, Fougeron, et cette pâte épaisse et dense si caractéristique de sa peinture.
Antoine Ferrari (1910 - 1995) n'eut jamais cette implication forte dans le mouvement militantiste de ses amis. Il ne vivait que pour la peinture.
Ce surdoué de la couleur était parti pour Paris dès ses 17 ans, persuadé qu'il pourrait vivre de son art.
Il obtint le prix Abd - el - Tif, la plus importante des bourses orientalistes ; les deux ans prévus devinrent cinq ans du fait de la guerre.
Ce pays l'inspira par son exotisme et sa lumière, " la même que sur l'autre bord de la méditerranée" disait-il.
Il travailla beaucoup, exposa ; abandonnant les toiles grises de sa jeunesse, la variété de ses tableaux témoignent d'un sentiment de bonheur.
merci pour toutes ces precisions sur les peintres du canal,penses un peu a toi !!!!!!!!! et savoures les preparatifs de ce mariage qui vous reuni tous!!!!!
merci a alexandra et schoen de leur visite nous avons pu ainsi voir la petite Nina,une bien jolie poupee!!
joyeuse reunion et a mardi
gros bisous
mireille