Pour nous mettre dans "l'ambiance" ... quelques vers d'une philosophe et poétesse française ( née en 1364 à Venise),
Christine de Pisan ( ou Pizan), considérée comme la première femme de lettres française qui a vécu " de sa plume".
Deux textes :"Seulete suy sans ami demourée", accompagné d'une version plus "modernisée" et "Hé, Lune! trop luis longuement"
Seulete suy sans ami demourée
Seulete suy et seulete vueil estre,
Seulete m'a mon doulz ami laissiée,
Seulete suy, sanz compaignon ne maistre,
Seulete suy, dolente et courrouciée,
Seulete suy en languour mesaisiée,
Seulete suy plus que nulle esgarée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy a huis ou a fenestre,
Seulete suy en un anglet muciée,
Seulete suy, pour moy de plours repaistre,
Seulete suy, dolente ou apaisiée,
Seulete suy, riens n'est qui tant me siée,
Seulete suy en ma chambre enserrée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Seulete suy partout et en tout estre,
Seulete suy, ou je voise ou je siée,
Seulete suy plus qu'autre riens terrestre,
Seulete suy de chascun délaissiée,
Seulete suy durement abaissiée,
Seulete suy souvent toute esplourée,
Seulete suy sanz ami démourée.
Princes, or est ma doulour commenciée :
Seulete suy de tout'dueil menaciée,
Seulete suy plus tainte que morée,
Seulete suy sans ami demourée....
(Extrait de Cent Balades).
Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis en langueur mésaisée,
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muchée,
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n'est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être
Seulette suis, où je vais où je siée,
Seulette suis plus qu'autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis souvent toute épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée :
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée,
Seulette suis sans ami demeurée.
De triste coeur chanter joyeusement
Et rire en deuil c'est chose fort à faire,
De son penser montrer tout le contraire,
N'issir doux ris de dolent sentiment,
Ainsi me faut faire communément,
Et me convient, pour celer mon affaire,
De triste coeur chanter joyeusement.
Car en mon coeur porte couvertement
Le deuil qui soit qui plus me peut déplaire,
Et si me faut, pour les gens faire taire,
Rire en pleurant et très amèrement
De triste coeur chanter joyeusement
Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis en langueur mésaisée,
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muchée,
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n'est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être
Seulette suis, où je vais où je siée,
Seulette suis plus qu'autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis souvent toute épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée :
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée,
Seulette suis sans ami demeurée.
De triste coeur chanter joyeusement
Et rire en deuil c'est chose fort à faire,
De son penser montrer tout le contraire,
N'issir doux ris de dolent sentiment,
Ainsi me faut faire communément,
Et me convient, pour celer mon affaire,
De triste coeur chanter joyeusement.
Car en mon coeur porte couvertement
Le deuil qui soit qui plus me peut déplaire,
Et si me faut, pour les gens faire taire,
Rire en pleurant et très amèrement
De triste coeur chanter joyeusement
Hé Lune! trop luis longuement
Hé lune! trop luis longuement,
Par toy pers les biens doulcereux
Qu'Amours donne aux vrais amoureux.
Ta clarté nuit trop durement
A mon cuer qui est désireux,
Hé lune! trop luis longuement.
Car tu fais le decevrement
De moy et du doulz savoureux;
Nous ne t'en savons gré tousz deux,
Hé lune! trop luis longuement.
(Extrait des Rondeaux)
J’aime beaucoup cette femme indépendante et courageuse. Elle a vécu tout près d’iici et y est morte : le Prieuré à Poissy; c’est une bonne école privée maintenant à cet endroit, et le Musée du Jouet. J’ai relu il y a peu sa bio faite par Régine Pernoud.
Merci Christine, tes articles sont très beaux et on ne peut plus intéressants; c’est ma période préférée dans l’histoire ! bonne journée, amitiés
Merci Sittelle pour ces compléments d’informations… malgré les kilomètres, beaucoup de choses nous rapprochent!
Christine de Pisan, en plus du fait qu’elle porte un prénom que j’aime bien est pour moi aussi une femme que j’admire beaucoup. Une femme moderne! … Et je confirme, j’ai beaucoup appris moi aussi dans bien des livres de Régine Pernoud, notamment ses écrits sur Jeanne d’arc, sur la femme aux temps des cathédrales… et sur Hildegarde de Bingen… pour ne citer que ces thèmes.A relire absolumenyt !
Bon WE !