En continuant la lecture du " Spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier" de Kandinsky...

" L'homme qui n'a pas de musique en lui et qui n'est pas ému par le concert des sons harmonieux est propre aux trahisons, aux stratagèmes et aux rapines.
Les mouvements de son âme sont mortes comme la nuit et ses affections noires comme l'Erèbe. Défiez-vous d'un tel homme "
Shakespeare - Le Marchand de Venise - act V, scène 1.

Le son musical a un accès direct à l'âme.

" Chacun sait que le jaune, l'orange et le rouge donnent et représentent des idées de joie, de richesse " - Delacroix

Ces 2 citations montrent la parenté entre les arts en général, et la musique et la peinture en particulier.

C'est sûrement dans cette parenté que Goethe  construit l'idée selon laquelle la peinture doit trouver sa basse continue : départ du chemin sur lequel la peinture grâce à ses propres moyens deviendra un art au sens abstrait du mot atteignant finalement la composition picturale pure.

* Pour cette composition , 2 moyens sont à sa disposition :
- la forme ( la forme seule comme représentation de l'objet ou comme délimitation purement abstraite d'un espace, d'une surface peut exister indépendamment)
- la couleur ( qui ne peut exister indépendamment)

Ce rapport inévitable couleur - forme nous amène à observer les effets de la forme sur la couleur : la forme a sa propre résonance intérieure et la gardera même si différentes formes sont associées.

Mais avec les interactions forme-couleur, un triangle, par exemple, vert, un cercle jaune, un carré bleu … seront des " êtres" totalement différents.
Et l'on peut voir ainsi que la valeur de telle ou telle couleur est soulignée par telle et telle forme :
- les couleurs " aiguës" "sonnent" mieux dans une forme aiguë ( ainsi le jaune dans un triangle)
- les couleurs profondes sont renforcées dans leur effet par des formes rondes ( ainsi le bleu dans le cercle)

Mais il ne faut pas considérer la discordance forme- couleur comme étant quelque chose d'"inharmonieux" ; c'est comme une nouvelle possibilité et donc également une harmonie.

Le nombre des couleurs et des formes étant infini,
ces combinaisons et donc ces effets sont illimités.
Ce matériau est inépuisable.

kandinsky.comp-8Kandinsky - " Composition 8 "

Reprenons pour mieux préciser l'article précédent :(revoir ici)

L'étude de la couleur seule montre les 2 grandes divisions qui apparaissent immédiatement à l'œil:
1 - La chaleur ou la froideur d'un ton
2 - La clarté ou l'obscurité d'un ton,
permettant de distinguer ainsi pour chaque couleur, 4 sonorités principales :
a - chaude et claire
b - chaude et foncée
c - froide et claire
d - froide et foncée

- La chaleur ou la froideur d'une couleur est une tendance au jaune ou au bleu ; le chaud venant vers le spectateur, le froid s'en éloignant.
C'est ce qui constitue le premier grand contraste de la valeur intérieure.
C'est un mouvement dynamique, car le bleu et le jaune ont aussi un mouvement concentrique et (ou) excentrique).
L'effet dynamique du jaune et du bleu que nous avons évoqué la semaine dernière s'accentue par la différence entre clair et foncé : l'effet du jaune augmente lorsqu'on l'éclaircit et celui du bleu lorsqu'on l'assombrit.

- Le second grand contraste est constitué par la différence entre le blanc et le noir, permettant la tendance des couleurs au clair ou au foncé, avec aussi un même mouvement : vers ou en s'éloignant du spectateur, non pas de façon dynamique mais statique et figé.

Ce phénomène prend une importance encore plus grande si l'on considère que le jaune a une telle tendance au clair ( blanc) qu'il ne peut guère exister de jaune très foncé.
Il y a donc une parenté entre le jaune et le blanc, une parenté entre le noir et le bleu.

3 Thoughts on “Le langage des couleurs (1) …

  1. jean Vitou on 16 juin 2016 at 15 h 17 min dit:

    A propos du jaune vif du bâtiment sur le Jarret à La Timone, son architecte Corinne Vezzoni s’exprime, je me permets de vous faire connaître son avis qui peut modifier notre première impression et faire aimer ce signal coloré et joyeux au milieu de l’architecture un peu austère des bâtiments des années 60 de René Egger:

    “Il y a le jaune, les jaunes : celui d’une crèche à Aix en Provence, celui d’une cité d’affaire à Saint Etienne, de locaux universitaires à Marseille et puis il y en a d’autres. Ces couleurs toutes différentes, tout ou parties de projets différents ont été l’objet de reproches plus ou moins directs, d’amicales pressions incitants aux modifications, au retrait des intentions de l’auteur pour se garder des réactions de l’opinion publique, qu’on a aussi pu solliciter, à l’occasion.

    Alors on peut se demander pourquoi cette entrée par une couleur, cette réaction épidermique à la peau des édifices, la plus exposée aux regards. Les amicales pressions et incitations à corriger l’œuvre visent à restaurer un code de bon goût par des arbitres de l’élégance, elles cachent mal une forme subtile de censure qui donne l’illusion de la liberté d’expression.” C. Vezzoni

  2. jean Vitou on 16 juin 2016 at 17 h 17 min dit:

    pour en connaître un peu plus le site intéressant de “Architectures en ligne” et l’exposé de l’archi, version courte ou longue:

    http://architecturesenligne.org/video/corinne-vezzoni-et-stephane-fernandez/

    bonne soirée, à mardi
    Jean

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