... Les artistes ont essayé de traduire le mouvement
depuis toujours, que ce soit en peinture ou en sculpture ...
mais comment exprimer ce qui est mouvant ...
et qui par définition ne peut être immobilisé.
En fixant l'instant, en répétant le geste ?
Nous avons déjà évoqué le "geste figé" signifiant le mouvement depuis l'antiquité : relire ici
- Avec l'évolution des progrès techniques au début du XX° s., de nouvelles interprétations apparaissent permettant d’intégrer de nouvelles perceptions liées à la vitesse.
Le " morcellement " cubiste ou le réseau de "grilles" qui compartimentent la surface de la toile chez Delaunay ( que David Hockney reprendra plus tard), fragmentent les formes et provoquent une perturbation visuelle , une lecture parcellaire de l'image.
Cette vision rapide et fragmentée de la réalité permet de percevoir cette accélération due au monde moderne tourné vers la vitesse.Pablo Picasso - "Ma jolie" - 1911-12
Robert Delaunay
" L'équipe de Cardiff" - 1913
David Hockney - " Nathan swimming" 1982
- Avec les "Futuristes", même s'ils appliquent quelques principes cubistes, ce sont les effets de simultanéité et de dédoublement qui nous montrent un mouvement à travers sa propre progression ...
Le mouvement est ainsi comme dans un "effet ralenti", inspiré des chronophotographies.
Giacomo Balla "Velocità d’automobile", 1913.
- La vitesse peut aussi être représentée, comme dans la photographie, par des zones "floutées" : flou de l'arrière plan , flou du sujet évoque un déplacement rapide.
Gerhard Richter -
"Ema (Nu sur un escalier)" - 1966
Huile sur toile. 200 × 130 cm.Dans toutes ces approches du mouvement , même si l'image est " chahutée", déformée, cassée, recomposée, ... le travail de peinture reste techniquement classique avec des surfaces à remplir de dégradés ou d'aplats ; un travail "lisse" qui ne fait pas percevoir le travail de l'artiste.
- Mais si on dépasse le stade de la simple représentation, le mouvement peut aussi présenter et signifier le résultat d'une attitude picturale liée à l'action et à la vitesse.
Chez des artistes comme Mathieu, Messagier, Pollock ou De Koening par exemple, les giclures, les couleurs appliquées directement avec le tube, la trace de gestes spontanés, les éclaboussures et les effets de dripping ... mettent en évidence autour des lignes de force, une composition dynamique qui nous met face à la mobilité de l’artiste.
Fixation d'un mouvement éphémère, où la trace reste présente comme constat de l'action.
Pollock en plein travail,
A voir aussi: cliquez ici
- J'évoquerai aussi l'art optique et l'art cinétique qui sont le prolongement de ces expérimentations plastiques qui en se géométrisant, vont proposer une nouvelle approche du mouvement.
En savoir + :
- Nous avions déjà évoqué le mouvement lors du concours sur le " sport".
Je vous renvoie à deux articles de je vous avais déjà proposés : ici et là.
- "Arts Plastiques au XX° s." - Questions essentielles d'Alain Biancheri ( chez Delagrave Editions)
- Et sur le net , je vous conseille d'aller voir les reproductions des artistes cités ci-dessus et leur portrait " Wikipédia" ou autre ...