Cette première rétrospective dans notre pays de l'un des représentants majeurs de l'Expressionnisme allemand présente en une exposition ambitieuse, 90 peintures ( avec l'exceptionnel polyptique "La vie du Christ") et 70 aquarelles, gravures et dessins.
Avant de partir à sa découverte, je vous propose pour mieux apprécier cette exposition :
- La biographie d'Emil Nolde;
- Une "critique" de Julie de la Patellière au sujet de cette même exposition
- Et une vidéo de quelques unes de ses oeuvres
Fils de fermiers installés dans le petit village de Nolde, le jeune peintre ne choisit pas par hasard le nom de sa terre natale comme pseudonyme. Dès le début, son travail est profondément ancré dans ce paysage de lacs et de montagnes. Chronologique, l'exposition suit un Nolde qui se libère de diverses lourdeurs. Il commence par mettre en scène la mythologie de son sol, peignant des génies et des géants des monts plutôt kitsch. Puis, sous l’influence de Gauguin et de Van Gogh, il découvre progressivement la couleur et en travaille la lumière par traits épais. Son adhésion au mouvement Die Brücke, qui préconise la peinture à l’air libre, marque un tournant dans sa carrière. Nolde prend de l’indépendance. Il peint cette sorte d’étouffement qui lui est propre, plutôt paradoxal, puisqu’il peint à l’extérieur. Mais un extérieur saturé de tons, de souffles, de tempêtes chaudes, envahi de vent solaire. Sans air. Le jour est plein de nuit, et la mer, de glace. Les personnages, comme chez Ensor ou Munch, ont les visages grimaçants d’un carnaval triste, verts ou bleus asphyxiés sous les flonflons artificiels. Sa peinture religieuse n'en devient que plus originale. Christ fauve, mise au tombeau sur fond de ciel éclipsé, violet, vermillon. C'est avec la série finale (‘Nuages d’été’, ‘Vague déferlante’, ‘La Mer III’ et ‘B’) que la rétrospective prend son sens. Des paysages fous, à la limite de l’abstraction, soleil orange des tropiques et mer verte, écume et nuées blanches emportent ciel et eau. Le monde est embrasé, il roule, chargé d’orages contenus, de couleurs lourdes. Le moment choisi est la tombée de la nuit ; mais ici la nuit ne tombe pas, elle naît, teignant les nuages de noir, soulevant la mer, malmenant les dorures du soir. Le monde s’éteint, il court encore devant nous, l’eau s’amasse à gauche, le ciel fuit à droite, saisi par un vent despotique. Et seule ligne fine qui tranche horizontalement le paysage, le crépuscule au loin déchire encore un peu l’obscurité.
par Julie de La Patellière
des couleurs puissantes……
bonnes fêtes de Pâques
Excellent coloriste en effet … il me reste encore une “petite place” pour le découvrir à Montpellier.
Bonne fête de Paques aussi.