Le “non finito”

Suite à l'article précédent et au commentaire d'Elisabeth, il est nécessaire d'évoquer cette notion importante dans l'art:

Le « non finito » est une expression italienne qui désigne l’état d’inachèvement d’une œuvre d’art.Il n’est intéressant que dans la mesure où il est volontaire, regretté ou voulu par l’artiste et ceux qui regardent son œuvre.

Un certain romantisme s'est emparé de ce "non finito" lui faisant exprimer les tourments les plus secrets de l’artiste, le chargeant ainsi d'une « signification suprême ».

Le « non finito » est un thème récurrent chez Michel-Ange qui, involontairement ou pas, a laissé de nombreuses œuvres en partie inachevées. Il joue alors l’opposition entre le poli, le lisse et l’impeccable du corps ( voir  «  l’Esclave mourant »), et le grossier du marbre brut.

Michel-Ange a toujours traité avec un sens très scrupuleux de la finition les ouvrages qu'il considére comme terminés. Mais, dans sa quête absolue de vérité dans l'art, par lassitude ou par rage de ne pas obtenir ce qu'il veut, il abandonne quand il sent qu'il ne peut atteindre son idéal; il refuse d'aller plus avant et ce « refus » de plus en plus fréquent avec l'âge est devenu le symbole de la lutte sans fin du génie humain contre la fatalité et l’angoisse de la mort.

Ces oeuvres où se côtoientle lisse et la matière(où apparaissent les coups de ciseaux et le "travail" de l'artiste), paraîtront si belles, que le « non finito » deviendra un parti pris pour de nombreux sculpteurs, notamment pour Rodin chez qui cela deviendra  un moyen conscient d’expression.