Pour compléter le travail de la semaine dernière ... quelques précisions,
... Le « Paysage » chinois :
La peinture chinoise ne s'intéresse pas tant à la représentation de la Nature qu'au rapport que les êtres humains entretiennent avec elle et à la manière dont son étude et sa contemplation les aide à explorer les complexités de l'existence.
Le peintre réunit et rassemble dans un paysage, différents éléments afin de produire du sens.
Deux manières d'aborder le travail de paysage :
- par l'étude d'anciens maîtres
- ou en travaillant sur le motif d'après Nature ( et en ré assemblant ensuite les différents éléments afin de donner le plus d'expressivité possible à son travail).
Le format :
Le plus courant pour le paysage traditionnel est le rectangle haut.
Lorsqu'un tableau comporte plusieurs parties, on doit le considérer comme un tout, mais chaque partie dispose de son propre mouvement, lui-même relié aux autres.
La composition :
La composition s'appuie sur la notion « d'hôte » et « d'invité ».
L'élément central est « l'hôte », les éléments secondaires étant les « invités ».
L'eau et la montagne forment l'ossature sur laquelle tout le reste du tableau vient s'appuyer.
Les arbres en sont les ornements et leur confèrent plus de caractère.
Les 3 paramètres de la composition :
- « masse »
- « espace »
- « mouvement »
introduire les 2 premiers afin d'y placer le 3°.
- La « masse » correspond en gros à ce que la peinture occidentale appelle la « forme »
- mais l'espace n'est pas le même . Il résulte de la manière dont les Chinois visualisent le contraste idéal entre l'encre noire et le papier banc. Même si le tableau accepte quelques couleurs il faut toujours garder ce contraste à l’esprit.
- « Espace » ne signifie pas « vide » !!!
- Le mouvement ou « dragon du tableau » désigne la force énergique et fluide
Un exemple : La composition en 3 plans
composition la plus répandue et la plus traditionnelle (mais pas la seule !):
avec un tableau de Fu Bau De ( Dynastie Qing) :
On distingue 3 parties dans la hauteur avec 3 points d'intérêt sur lequel le regard s'arrête : le pavillon du 1° plan, le promontoire du plan moyen, les montagnes dans le lointain.
Masse et espace :
Division horizontale en 3 par l’intermédiaire de pleins et de vides.
Mouvement : en forme de S.
Les plans sont séparés par des « vides » qui représentent souvent la brume ( l'eau qui circule et fait le lien entre les différents plans du tableau)
La perspective :
La perspective, dans le sens occidental, avec les éléments du tableau qui diminuent avec la distance, n'existe pas dans la peinture chinoise.
Toutefois la notion d'espace et de profondeur est régie par certains critères.
Le plus important est que le spectateur se sente bien lorsqu'il contemple le tableau.
Afin d'établir la meilleure vue du tableau et du spectateur, l'artiste change constamment de place.
Dans un seul tableau, il adoptera autant de points de vue que nécessaire pour présenter l'image complète de son sujet.
Ainsi dans une composition à 3 plans comme expliqué précédemment, il va représenter successivement ces différents plans un peu comme s'il montait au fur et à mesure avec un ascenseur :
le 1° plan reste au bas de la composition et les plans successifs s'étagent vers le haut comme si le peintre "montait en même temps". Il peut ainsi représenter divers angles de vue, de même que le devant et le dos des objets sur le même tableau. Il change de place afin de les regarder sous un angle nouveau, puis les regroupe dans un tableau.
Aucune règle ne fixe la sélection des angles de vue, l'artiste agence les éléments en fonction de ses idées ; cette approche remonte aux dynasties du sud et du nord du cinquième siècle.
En occident,la figure du premier plan et plus grosse que la montagne au loin .
En peinture chinoise cette image est impossible car toute chose doit conserver ses proportions réelles .
Dans la mesure où aucun être humain ne peut être plus grand qu'une montagne, il doit également être plus petit sur le tableau.
Si une personne est en train de regarder plusieurs objets dans le même tableau, tous les objets doivent avoir la même taille : la personne change de place afin d'observer les éléments du même point de vue.
Parfait !
Pouvons-nous dire que le “qi” est passé entre les mots ? Je pense que oui !
Merci Christine !
Cristina
Je l’espère !