Le commentaire très fin d’Élisabeth m'a donné envie d'ouvrir un nouveau sujet de discussion (ne lâchez pas les autres...il y a encore à dire)
Le paysage est en effet l'un des thèmes récurrents dans l'histoire de la peinture.
Et de la simple admiration d'un lieu et du désir d'en restituer la beauté ou l'émotion ressentie, jusqu'à une imprégnation complète de nos sens et de nos émotions, les intentions et les réalisations sont multiples.
J'aime bien redire la perception qu'en ont les artistes chinois qui ne s'intéressent pas tant à la représentation de la nature qu'au rapport que les êtres humains entretiennent avec elle et à la manière dont son étude et sa contemplation les aide à explorer les complexités de l'existence.
Quand à la réalité , qu'elle est t-elle? Quand nous regardons la Sainte Victoire désormais, qu'est-ce qu'y est plus réel à nos yeux ? La montagne dans sa réalité naturelle ou n'avons-nous pas en tête les réalisations de Cézanne qui deviennent alors la "véritable réalité"de cette Ste Victoire.
Un artiste nous donne à voir avec ses propres yeux cette réalité qui nous entoure.
Et qu'est-ce qui est alors plus vrai l'image réelle ou l'image peinte?
Le tableau crée sa propre réalité
Comment peindre désormais des tournesols sans automatiquement renvoyer à ceux peint par Vincent ?
…" Moi, vous comprenez, je procède très lentement, la nature s’offrant à moi très complexe, et les progrès à faire étant incessants… L’étude réelle et prodigieuse à entreprendre, c’est la diversité du tableau de la nature. J’en reviens toujours à ceci : le peintre doit se consacrer entièrement à l’étude de la nature et tâcher de produire des tableaux qui soient un enseignement… Une enseignement pour tous, c’est bien ce que je cherche… la compréhension de la nature au point de vue du tableau, le développement des moyens d’expression.Que chacun s’exprime. Moi, j’ai besoin de connaître la géologie, comment la Sainte-Victoire s’enracine, la couleur géologique des terres,tout cela m’émeut, me rend meilleur…..Comprenez-moi bien, si ma toile est saturée de cette vague religiosité cosmique, qui m’émeut, moi, qui me rend meilleur, elle ira toucher les autres en un point peut-être qu’ils ignorent de leur sensiblilité…..
J’aime beaucoup aller au bord de la mer, regarder, écouter, sentir…
C’est un peu comme si je faisais le plein de sensations pour pouvoir ensuite les mettre sur la toile.