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Malgré mon article précédent (à relire ici), vous vous posez quelques questions pour des techniques qui peuvent vous sembler proches.
Voici donc quelques définitions pour mieux vous y retrouver sur des procédés et sur des mots.
En effet le monotype est une "empreinte",
mais une empreinte n'est pas forcément un monotype !
Le monotype est une estampe sans gravures
Qu'est ce donc qu'une estampe ... empreinte ? Monotype ?
Reprenons :
Une empreinte : pour ce qui nous intéresse est
- Une marque, une trace naturelle laissée par un contact pratiquée en creux ou en relief par la pression d'un corps sur une surface.
- La reproduction en négatif d'un relief ou d'un dessin.
L'estampe désigne le résultat de l'impression d'une gravure ; c'est une image à caractère artistique, le plus souvent sur papier, par le moyen d'une matrice traitée en relief ( gravure sur bois, sur linoléum), en creux ( sur métal : taille-douce) ou à plat ( lithographie, sérigraphie)
Le mot « estampe » déjà utilisé en ancien français sous les formes « estampe, estanpe, stampe » vient de l'italien stampa (impression, tirage, presse, estampe) dont l'étymologie d'origine germanique dérive de stampjan ou du francique stampôn (« écraser, frapper ») qui a donné stampfen en allemand (« frapper du pied »).
Nicolas Poussin, en 1647, utilise déjà le mot au sens actuel d'image imprimée au moyen d'une planche gravée.
Aujourd'hui, par commodité, certaines institutions ou organisations (la Bibliothèque nationale de France, ou la Fédération nationale de l'estampe) appellent aussi estampe, le tirage obtenu par des techniques de reproduction artistique, comme la lithographie ou la sérigraphie, qui utilisent des principes différents.
L’estampe originale est une œuvre de création réalisée par l’artiste lui-même, ou sous son contrôle direct.
La gravure est l'ensemble des techniques qui utilisent le creux ou l’incision pour produire une série d'images ou de textes.
Le principe consiste à inciser ou à creuser, à l'aide d'un outil ou d'un mordant, une matrice, généralement en bois ou en métal, qui après encrage, est imprimée sur du papier ou sur un autre support.
Nous reparlerons surement...
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Le Monotype est donc une empreinte, que l'on rapproche des "modes d'impressions" que sont les estampes ... mais sans gravure !
Le monotype est un procédé d'impression sans gravure qui produit un tirage unique.
Le monotype n'est pas une « gravure » au sens strict, mais une estampe (œuvre obtenue après un pressage manuel ou mécanique). Par abus de langage, le terme « gravure » est devenu un terme générique pour ce type d'œuvres, quelle que soit la technique utilisée.
Il s'agit de peindre à l'encre typographique, à la peinture à l'huile, à la gouache, à l'acrylique ... au pastel... à l'aquarelle ... sur un support non poreux comme du verre, du métal, du plexi.
La peinture appliquée sur le support est reportée ici manuellement ( pas besoin de presse) sur le papier qui reçoit l'épreuve.
On peut enduire la totalité du support ou pas, réaliser des surimpressions ( en plusieurs passages) , exercer des pressions différentes selon les endroits du papier...
Le support ( la plaque utilisée) n'étant pas gravé, il peut resservir pour d'autres monotypes après nettoyage.
Le monotype ne peut être numéroté car, comme son nom l'indique, son tirage est unique.
Il arrive cependant que l'artiste tire une seconde épreuve (quelquefois un peu plus selon l'"encrage" du départ), plus faible, avec le résidu d'encre demeurant sur la matrice, le support.
Il est également possible d'obtenir une contre-épreuve en pressant le tirage encore humide contre une feuille vierge.
Grâce à la simplicité de cette technique et au fait que le tirage, unique, est exécuté par l'artiste lui-même, l'œuvre est considérée comme originale.
De plus, l'artiste peut revenir sur les épreuves après tirage en les rehaussant de couleurs (encres, aquarelles, gouaches…).
Seule technique d'impression originaire d'Italie, le monotype fut inventé par Giovanni Benedetto Castiglione vers 1648.
Les impressionnistes, et ceux qui sont proches d'eux, sont nombreux à avoir utilisé cette technique :
Camille Pissarro (Baigneuse s'essuyant), Jean-Louis Forain (Étude de nu), Steinlen (Voyage de noce), Gauguin, Whistler, Toulouse-Lautrec, Combet-Descombes, Degas ...
Degas a contribué à diffuser cette technique qui sera particulièrement travaillée au XXe siècle.
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Les "empreintes" que nous avons expérimenté les semaines précédentes lors de notre atelier dérivent des techniques surréalistes de création inventées et utilisées dans le but d'introduire des moyens " automatiques" de créer.
Techniques artistiques que sont : le dessin automatique, le collage, le frottage, le grattage, le fumage, la décalcomanie (ou empreintes) et les cadavre exquis.
Le dessin automatique (automatic drawing) est une variante de l’écriture automatique, développé par André Masson (1896-1987) et pratiqué par les surréalistes, tels Miro, Dali, Ernst, Arp.
Le collage est inventé et utilisé essentiellement par Max Ernst qui compose en moins d’un mois, à partir de revues illustrées, en noir et blanc, de la fin du 19ème siècle, un ensemble de 182 collages. Ceux-ci sont publiés en cinq volumes d’avril à septembre 1934 : « Une semaine de bonté » ou les éléments capitaux
Le frottage inventé aussi en 1925 par Max Ernst (1891-1976). L’artiste laisse courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface quelconque (parquet ou autre texture). Cette technique fait apparaître des figures plus ou moins imaginaires
Le grattage pratiqué par le peintre espagnol Estaban Francès consiste à gratter à la lame de rasoir des couches superposées de peinture de différentes couleurs, afin de faire surgir des formes plus ou moins transparentes et diaprées.
Le fumage mis au point en 1937 par Wolfang Paalen utilise les traces de fumée produites par une bougie ou une lampe pétrole sur une feuille de papier ou une toile fraîchement peinte. La technique est aussi utilisée par Salvador Dali qui l’appelle "sfumato" 😉
La décalcomanie utilisée dans l’art par Oscar Dominguez en 1936. L’artiste presse une feuille blanche sur une autre feuille enduite de gouache, et répète l’opération, de manière à reporter plusieurs fois les taches de peinture. L’image qui en résulte permet à l’artiste de libérer son imagination en interprétant à sa guise les formes obtenues.
Max Ernst utilisera cette technique avec de la peinture à l’huile.... je vous ai alors parlé d'" empreintes" !
J'espère que ces quelques définitions vont vous permettre de mieux vous y retrouver et vont vous ouvrir aussi encore d'autres " horizons créatifs"!
En ce week end neigeux , de quoi vous occuper !
Super programme, merci Christine pour toutes ces informations si intéressantes.
A demain. Bises
Merci … à appliquer dès demain ! 🙂