« Les gestes barrière » : nettoyer, jeter, recycler :

... Une étape importante pour être un" artiste écologique", c’est de gérer ses propres déchets artistiques et favoriser les produits recyclés.
Après avoir été attentif au choix des produits (relire ici), quels sont les gestes que nous pouvons faire ou améliorer ?

- Nettoyer : Le nettoyage des pinceaux notamment.
Si vos pinceaux sont très sales, ne les lavez pas tout de suite sous le robinet.
Essuyez la peinture ( acrylique ou huile) avec un papier journal, un chiffon…
Pour le lavage préférez utiliser du savon … de Marseille et évitez de faire couler l’eau pendant tout le lavage.

Comment faire ?:
- mouillez juste le pinceau (après l’avoir bien essuyé)
- « imbibez le » de savon ( en le passant juste dessus )
- prenez un petit pot en verre et par un mouvement tournant du pinceau à l’intérieur, faites mousser les poils ( certains le font dans le creux de leur main … mais ! 🙁
- rincez
- recommencez cette opération jusqu’à ce que la mousse de savon reste blanche
- rincez, séchez avec un chiffon propre … et posez à plat. ( de temps en temps un petit peu d’huile de lin lui redonnera de la souplesse et de la brillance)

Jeter :
- Ne jetez pas les solvants et autres résidus dans les canalisations … ni dans les poubelles « normales ».
Stockez puis apportez à la déchetterie.
- Ne jetez pas les peintures non utilisées ( et encore fraîches) sur les palettes : préférez des palettes « refermables » et donc transportables.
La peinture à ‘huile peut s’utiliser plusieurs jours d’affilée, et la peinture acrylique aussi, si elle est dans un récipient bien fermé. L’aquarelle sèche se remouille ...
- Posez sur les palettes, juste la quantité de peinture nécessaire.
- Ne jetez pas papiers et toiles parce que votre travail ne vous convient pas : recyclez pour réaliser des brouillons, faire des essais … ou d’autres œuvres ! 😉

Recycler :
Pour l’artiste, travailler avec des matériaux recyclés a commencé très tôt, dès le XIVe siècle en France : en effet, le papier est l’un des tous premiers outils fabriqué à l’aide de chiffons de coton récupérés et… recyclés.
Mais cette production artisanale s’est vite perdue au profit de l’exploitation du bois, plus intensive et rentable, à une époque où l’idée de déforestation n’existait pas encore.
Les premiers papiers recyclés "contemporains" pour artistes apparaissent dans les années 90 chez les grands papetiers de France, Canson et Clairefontaine.
Toutefois ils ont mauvaise presse car ils n’ont pas la qualité attendue pour le dessin et surtout, pourquoi prendre du recyclé quand le normal est bien et moins cher ?
Au début des années 2000, les mentalités commencent à changer.

        - Les supports :
Avoir le choix sur le même produit entre sa version classique et sa version écologique devrait pouvoir se généraliser dans le monde de la pratique artistique.
Dans le monde du papier, par exemple, de petits fabricants d’albums à dessin et blocs de papier dessin travaillent en 100% recyclé, en France, produisant sous forme d’économie solidaire.
Tout le circuit de production est maîtrisé pour garantir des produits sans chlore et des impressions à base d’encre végétale. 
   / « L’Arbre aux papiers » : imprimerie créée en 1991 dans la Sarthe, avec la fabrication d'un papier  100% recyclé et 100% éco-responsable.

        - Les crayons :
La fabrication classique d’un crayon de haute qualité est réellement un gouffre énergétique : une semaine est nécessaire pour un cycle de fabrication, avec l’utilisation de fours dont les températures montent à 1000°C.
* En 2009, Staedtler, grand fabricant de crayons d’origine allemande, s’est lancé dans la création d’un crayon 100% éco-responsable dans sa composition et dans sa fabrication : le Wopex.
Il est produit par extrusion, ce qui permet d’obtenir un crayon en quelques secondes.

 * « Sprout » : littéralement « germer », est un crayon en bois de cèdre dont la mine est composée d’argile et de graphite, imaginé par trois étudiants du MIT (Massachusetts Institute of Technology) en 2012.
A l’emplacement habituel de la gomme, au bout du crayon, une capsule biodégradable comporte des graines... Le crayon devient trop court ? ... il suffit de le planter dans la terre pour obtenir une fleur ou une aromatique. Une nouvelle vie pour un crayon qui renaît sous la forme d’une plante !

 
D'autres exemples de produits issus du recyclage :
* C’est le cas du stylo B2P (Bottle to Pen « De la bouteille au stylo ») de Pilot, créé avec la récupération du plastique de bouteilles d’eau recyclées. Le design rappelle la bouteille d’eau ...

* Bic n’est plus la marque aussi jetable que l’on pense. C’est même la plus investie dans la durabilité de ses produits et la valorisation de l’intégralité de ses produits.
Ecolutions, lancée en 2008, est une gamme de produits d’écriture fabriqués à partir de matériaux recyclés. (Bic a même étendu le concept à ses rasoirs en 2009.)

 * Stabilo avec le célèbre Stabilo BOSS en version « green » fabriqué à partir de matériaux recyclés et valorisés. 


D’autres :
- Un partenariat entre Bic et le collecteur Terracycle a permis à Ubicuity de mettre au point une fabrication innovante. Bic demande à ses utilisateurs de venir déposer ses vieux stylos et marqueurs dans des collecteurs en papeterie ; récupérés et retraitésensuite par Terracycle ...pour faire du mobilier de jardin.
- Les magasins "Le Géant des Beaux-Arts" reprennent les pinceaux usagés de ses clients et offre une remise pour en acheter des nouveaux. Cette mesure incitative peut s’avérer intéressante pour ceux qui jettent les pinceaux dès qu’ils sont hors d’usage ( mais attention, même un pinceau usagé peut rendre service !)

Si la démarche de fabriquer avec du recyclé est appréciée, elle ne résout pas tout dans le domaine de l'art. Mais de réels progrès sont réalisés pour trouver des alternatives aux productions classiques : pour faire appel à moins de matière, moins d’énergie pour autant de performance.

Mais l’artiste est-il prêt à suivre cette direction et adapter ses créations aux contraintes environnementales ?
Sommes- nous prêts ?
Prêts à abandonner l’acrylique, les solvants, les pinceaux à fibres synthétiques alors qu’ils sont moins chers ? Rien n’est moins sûr !
Évidemment il n'est pas question d'abandonner le chemin artistique que nous suivons, mais faire " en conscience" le choix des produits et des gestes qui pèseront ainsi moins lourd sur notre environnement !
Nul doute que vous allez regarder tous vos produits et outils avec un autre œil désormais ...