... Après une année passée à nous occuper d’environnement, après avoir évoqué durant ces dernières semaines l'Art environnemental et(ou) l'Art écologique, posons nous la question : pouvons-nous devenir un artiste écologique ?
Est-il possible de pratiquer la peinture et le dessin en respectant notre environnement ?

Si la peinture et le dessin paraissent des activités humaines totalement innocentes, la vérité est un peu différente.

Comment sont gérées les
ressources à l’origine de nos produits et comment traite-t-on les déchets que nous générons ? 

Tout d'abord, il faut bien connaître et savoir choisir les produits que nous utilisons :


- En premier les peintures :
On ne peut pas dire que les peintures soient des produits sans aucune nocivité : les pigments, les liants (notamment acryliques, dérivées du pétrole), les solvants font que ce ne sont pas des produits tout à fait anodins.
Pour les choisir, il faut tenir compte de la toxicité du produit par rapport à la santé ainsi que par rapport à l'environnement.
Les pigments sont connus et utilisés depuis la plus Haute Antiquité : Sumériens, Grecs, Romains, Égyptiens, Mayas ... les utilisaient abondamment, notamment comme produits cosmétiques.
Cependant, malgré leur très grande efficacité, ces pigments ne sont plus utilisés car ils contenaient des sels métalliques hautement toxiques
comme des arséniates, du carbonate de cuivre ou vert-de-gris,de la céruse sans oublier l'antimoine, le mercure,le plomb , etc …
La synthèse des pigments a
u fur à mesure des siècles a permis de réaliser de plus en plus de belles couleurs stables et de moins en moins toxiques.

« Naturel » pour la peinture ne veut pas direBon pour la santé … et l’environnement ».
Les pigments ont souvent été nocifs et même hautement toxiques.

On distingue les pigments naturels de ceux obtenus par synthèse.
-
Les pigments naturels sont d'origine végétale, animale ou minérale (il suffit donc de les laver puis de les pulvériser). On les trouve de moins en moins dans nos couleurs, car ils sont souvent peu permanents (comme le carmin), toxiques (comme le gomme-gutte), instables, chers (le lapis-lazuli), épuisés (comme certaines terres).
Peu à peu ils sont été remplacés par des pigments de synthèse qui en imitent la teinte.

- Les pigments minéraux de synthèse: sont connus aussi dès l'Antiquité, mais surtout vont se multiplier à partir du XVIII° s. avec le développement de la chimie moderne, et peu à peu ils remplacent les pigments naturels.
Les premiers sont apparus vers 1870  et sont de plus en plus nombreux ( surtout à partir des années 1950).
Ceux-ci proviennent de l'industrie du pétrole.
Ce sont les cadmium, cobalt, chrome, nickel, titane qui vont véritablement révolutionner la palette de l'artiste en proposant nombre de nouvelles couleurs : des tons vifs aux teintes sourdes, la gamme est étendue et leur tenue exceptionnelle, avec beaucoup de pigments opaques.
De nouvelles teintes remplacent les pigments défaillants parmi les pigments naturels ou certains minéraux de synthèse : ils portent des noms "bizarres" et difficiles à prononcer : azoïques, phtalocyanines, quinacridones, pérylènes, mais sont sans équivalent dans la puissance chromatique, la résistance à la lumière … ; ils sont
le plus souvent transparents et sont de moins en moins «  toxiques ».
Mais certains le restent …
L
a présence de métaux lourds dans les pigments : Pendant des siècles, les artistes broyaient leurs pigments eux-même ou le faisaient faire à leurs apprentis dans leur atelier.
Pour le blanc, on avait usage de broyer le plomb à l’huile de lin, ce qui donnait du « blanc d’argent » ou « blanc de plomb ».
Il était courant de reformer la pointe de son pinceau directement dans la bouche : imaginez une vie d’artiste à lécher du plomb à toutes petites doses pendant sa carrière jusqu'à développer les premiers symptômes du saturnisme…
Si le plomb a complètement été retiré des tubes de peintures au début du XIXe siècle, le
cadmium est toujours présent.
Le cadmium est à l’origine de couleurs … de belles couleurs vives. Le rouge de cadmium est incontournable ! …
Mais terriblement dangereux si on le rejette dans l’environnement ou si on l’absorbe.
Les rapports sur la toxicité du cadmium depuis 1993 sont alarmants et démontrent que sur le plan sanitaire et environnemental, son impact est énorme.


Nous choisissons une couleur en fonction de sa teinte, de son intensité, de sa pureté , … du fait qu'elle soit fine ou extra-fine …
Choisir une couleur par rapport au besoin que nous en avons picturalement est déjà complexe,
Mais ce n’est pas suffisant !
Comme pour les produits alimentaires, il faut acheter en conscience des produits de bonne qualité mais les choisir avec le moins de toxicité possible !

Savoir lire les étiquettes : La première étape dans le choix d'une couleur qu'elle que soit la technique est de lire bien attentivement l'étiquette pour savoir ce que le tube ou le godet que vous achetez a "dans le ventre".
Bien évidemment : le nom de la teinte, ses caractères : opacité- transparence, pigment utilisé … tout y est.
       - La conformité : c’est un minimum !
Les sigles CE ou AP ( selon la règlementation européenne ou américaine) sont notés sur les tubes.
A préférer aux tubes où il ne se trouve aucune indication.
       - La toxicité : Les couleurs comportant des métaux sont considérés comme dangereuses pour la santé /le plomb ; ou pour l'environnement / le cadmium.
C'est écrit à ce moment là sur le tube.
A vous de faire attention !


Identifier les pictogrammes de danger :
I
l y a ainsi une quantité de produits à ne pas jeter car nocifs à long terme pour l’environnement.
Outre la toxicité et l’impact sur l’environnement, nous sommes aussi de plus en plus sensibles à la cause animale.
Extraire le pigment d’animaux divers … ne se fait plus ou presque, mais qu’en est-il "du monde des pinceaux" ?

- Les pinceaux : autre problème ...
Les « meilleurs »  sont en poils naturels de martre, de mangouste, de petits gris, … les soies de porc pour les brosses font partie de l’attirail de tout peintre qui se respecte.
Et ils ont des caractéristiques inimitables !
On peut penser que les animaux ne sont pas exploités seulement pour faire des pinceaux, et que les pinceaux ne sont que des produits dérivés d’une longue chaîne
n’empêche que beaucoup s’émeuvent.
Les fabricants proposent ainsi de plus en plus de
pinceaux en poils synthétiquesde très bonne qualité.
Un exemple : le kévrin ( poil naturel)  souple et tonique à la fois … incomparable donc, a été depuis peu remplacé par un produit chez Raphaël, le kevrin + … à poils synthétiques … à se casser le nez tant le produit ressemble au naturel.
Tout va bien me direz- vous ?  … mais … mais … ce sont des produits dérivés du pétrole.
Alors ! Que faire ! C’est "le serpent qui se mord la queue".
La problématique reste posée.

- Des solutions ?
Dans ce panorama plutôt sombre, des démarches intéressantes et innovantes par les fabricants de produits d’art sont à suivre autour de 3 grands axes :
- les produits verts
- la fabrication recyclée
-
le programme de recyclage avec collecte

L’artiste écologique et les produits verts.
Il y a un début de changement de la pratique des arts, induit par les fabricants, forcé par les gouvernements et (ou) réclamé par les utilisateurs.
Les utilisateurs ( que nous sommes) demandent du moins cher avec une meilleure qualité.
C’est la demande classique du client... Peu de demandes pour des produits verts, recyclés ou bio.

L’acrylique, c’est du plastique ; les solvants pour la peinture à l’huile sont indispensables ; le métal est partout ! ...
MAIS !
Certains essaient de changer cette fatalité comme
Sennelier, Lefranc & Bourgeois ...

Par exemple :
* Gamme 100% écologique d’auxiliaires pour peinture à l’huile : #Green for Oil : depuis 2017 chez Sennelier.
#Green for Oil propose des diluants, des médiums, des vernis et un nettoyant entièrement écologiques pour la pratique de la peinture à l’huile .
Ces biosolvants d’origine 100% naturelle possèdent des qualités identiques aux solvants organiques issus de l’industrie pétrolière.
* Peintures sans cadmium :
- Lefranc Bourgeois, l propose aussi en 2017dans sa gamme de peinture à l'huile extra-fine, des couleurs sans cadmium.
- Ainsi que Sennelier avec sa gamme « Rive gauche » ( peinture à l’huile) qui propose des substituts de cadmium très performants avec des propriétés d’opacité et de luminosité quasiment équivalentes aux véritables.
C’est déjà un début car même s’il propose des cadmiums dans son nuancier, l’alternative existe.

One Thought on “Devenir un artiste écologique ?…

  1. Bonjour, très bon article… En matière de pinceau, je préfère le synthétique à la maltraitance animale, de même pour les travaux sur vélin…. Peau de veau mort-né..
    Bonne journée

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