Artemisia Gentileschi (8 juillet 1593 - v. 1652)
Peintre exceptionnel, Artemisia fut une vraie novatrice, au même titre que ces artistes de la Renaissance dont la formation exige désormais de nombreuses connaissances : mathématiques, perspective , anatomie... et qui veulent surtout exercer une activité artistique au nom de la liberté individuelle...
Femme exceptionnelle, sa vie est un vrai roman...
"Autoportrait - Allégorie de la peinture" 1638-39
Huile sur toile - 98,6 x 75,2 cm
Collection de la reine Elisabeth II.
Née à Rome en 1593, elle est la fille du peintre Orazio Gentileschi (ami du Caravage) et de Prudenza Montone, qui décède peu après l'avoir mise au monde.
Dès son plus jeune âge, elle s'initie à la peinture en observant le travail de son père ... et des amis de son père qui vivent tous dans le même quartier de Rome; elle pose et participe à la vie de l'atelier.
Orazio tient à lui enseigner l'art de la peinture avec la même rigueur que si elle était un garçon ; ses trois frères suivent aussi un apprentissage dans l'atelier paternel ( mais elle seule connaîtra la notoriété.)
Orazio travaille alors avec l'un de ses amis, Agostino Tassi, peintre de marines et paysagiste, dont à 18 ans, Artemisia devient l'élève.
C'est alors que Tassi, homme "trouble" et séducteur, est soupçonné par Orazio du vol d'un grand tableau : "Une Judith". Il adresse alors une supplique au Saint Père, déclarant en même temps qu'Artémisia aurait été violé autrefois par Agostino.
Le scandale éclate!...
C'est son père qui la pousse à témoigner mais Artémisia ne "recule" pas : elle raconte par le détail, subit l'examen des sages femmes, et le procès prend des allures de mises en scène tel les tableaux qu'elle ne tardera pas à peindre et où tous les acteurs "sont à leur place".
"Histoire d'amour, de trahison,et de mort" (Une histoire des femmes peintres - Clarisse Nicoïdski")
Au cours du procès, elle se défend en affirmant que cet homme l'a trompée en lui promettant ensuite de l'épouser et en lui cachant qu'il était déjà marié...( il apparaîtra même au cours du procès, qu'il aurait tué sa femme.... avec l'aide de sa belle-soeur)
Pour Artemisia le procès se transforme en un "nouvel acte de violence". Humiliée, elle est mise au supplice, procédure courante à l'époque pour prouver l'innocence de la victime.
Devant Tassi qui nie, elle accepte en effet de subir le supplice des " sibilli" : des lacets sont liés autour de ses doigts et serrés au fur et à mesure pour la faire revenir sur ses déclarations : elle ne nie pas... (cette torture aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour la pratique de son métier)
Le procès dure six mois, ...Tassi est condamné à l'exil des états pontificaux (ses protecteurs feront révoquer sa sentence). ...
A 18 ans à peine, Artémisia, femme, peintre de surcroît, et qui témoigne ainsi devant un tribunal constitué d'hommes, devient réellement pour son époque et au delà de son époque, un être d'exception !
"Autoportrait - Allégorie de l'inclination"
Dès le lendemain de la sentence prononcée en novembre 1612, Orazio marie sa fille au peintre florentin Pietro Antonio Stiattesi.
Pour Artemisia, c'est une "libération" quand elle part ainsi pour Florence.
Les relations avec son père, homme " jaloux de sa fille" dès qu'elle est devenue "jeune femme", se doublent et se compliquent d'une "rivalité" entre artistes.
Elle a quatre enfants dont trois meurent en bas âge.
Mais Pietro est un irresponsable ; il fait des dettes et c'est Artemisia qui doit subvenir aux besoins de sa famille.
Pendant son séjour à Florence elle reçoit plusieurs commandes du grand-duc de Toscane, Cosimo II de Médicis.
Elle devient célèbre !
Après la mort de ce protecteur en 1621, Artemisia retourne à Rome.
Séparée de son mari, l'année suivante, elle part pour Naples avec son père.
Elle fait la connaissance de Simon Vouet et devient probablement l'amie de sa femme, Virginia da Vezzo, artiste elle aussi.
A Naples, elle fréquente un groupe de peintres caravagesques, parmi lesquels Caracciolo et Stanzione.
Les relations avec son père se sont distendues.
Mais en 1637, elle se rend en Angleterre, où son père travaille à la cour de Charles Ier, pour travailler avec lui sur les derniers projets d'un père vieillissant.
En 1641 elle retourne à Naples pour y rester jusqu'à sa mort.
Artémisia s'est battue tout au long de sa vie ...
pour attirer et garder l 'attention des puissants,
pour vivre seule et s'occuper de sa famille, de sa fille tout d'abord mais aussi de ses frères, et de son père,
pour être reconnue comme un grand peintre...
Et elle y a réussi !
Quel destin… on devrait mieux connaitre et enseigner à nos filles ces vies exceptionnelles, pour qu’elles réalisent que nos droits de femmes ont été arrachés dans la douleur. Je te remercie, Christine; je te souhaite un bon week-end. C’est tempête aujourd’hui… ça va sécher les rivières ! amitiés
un vrai roman en effet ! et on peut voir que les “drapés” n’ont pas de secret pour elle…;
je suis allée voir ce jour les collections italiennes exposées à la Vieille Charité (jusqu’au 14/02) et j’ai vu des merveilles de drapés; à l’huile ou sanguine, lavis, crayon, XVIème et XVIIème de l’école du Caravage entre autres;et j’ai vu la tête du fameux Holopherne .. allez-y ! ça peut nous aider dans notre actuel travail avec Christine !!
Tu as bien raison… nous ne nous rendons pas compte bien souvent de la force et de l’énergie qu’il a fallu à ces femmes pour obtenir des droits. C’est pour cela que cette année, je les ai mises en avant. Tout au long de l’année nous allons en découvrir…de ces femmes qui ont aussi participé à l’histoire de l’art, qui ont fait de la peinture le but de leur vie autant que leurs ” collègues” masculins et dont on parle si peu ou pas ….
Chez nous, il fait doux… peut-être trop! Bonne journée Sittelle…
çà c’est une bonne suggestion !…