Le Néo-Impressionnisme c'est avant tout
le mélange optique des couleurs grâce à la couleur divisée.
Nous avons déjà abordé ce principe du mélange optique des couleurs ( revoir ici) qui s'impose alors à Signac et Seurat, à la suite de leur rencontre avec Chevreul (" Loi du contraste simultané des couleurs" 1839) mais aussi avec Charles Henry, un jeune savant qui publie en 1885 : " Introduction à une esthétique scientifique".
Pour Seurat, si l'on soumet la couleur à des lois fixes,
celle- ci " se peut enseigner comme la musique".
Son but sera donc de créer la " partition" permettant aux artistes
de faire jouer les couleurs entre elles pour approcher ainsi " l'harmonie".
La peinture doit pouvoir être traitée comme la musique.
Cette analogie va fonder la base du néo-impressionnisme.
Techniquement, pour créer cette partition des couleurs, il faut étudier les phénomènes de la vision et les effets d'optique. Delacroix et certains scientifiques s'y sont déjà intéressés : Charles Blanc (" Grammaire des arts du dessin" 1867), Sutter, Odgen Rood ...
" Il y a des yeux de coloriste comme il y a des voix de ténor, mais ces dons de la nature ont besoin d'être fécondés par la science pour parvenir à leur complet développement".
( David Sutter - " Les phénomènes de la vision" en 1880 )
Mais si la couleur est d'importance pour l’harmonie d'une peinture,
pour les néo-impressionnistes le pouvoir des lignes l'est tout autant.
Car après avoir acquis une certaine maîtrise des théories du mélange des couleurs en lien avec le phénomène de la vision et leur application à la peinture, Seurat cherche encore à résoudre un autre problème :
Faire concorder les lignes du tableau vers l'harmonie
tout comme il cherche à y faire concorder les couleurs.
C'est grâce à Charles Henry que Seurat approche une réponse à ses questions : selon ce jeune génie, des sensations sont associées à chaque type de ligne.
(Jeune génie car à 27 ans, Charles Henry a déjà publié 19 ouvrages traitant de biologie, mathématique, chimie, physique, musique, peinture, littérature, et poésie !),
Ainsi, par exemple le plaisir est associée aux lignes montantes ou allant de gauche à droite, et aux couleurs chaudes ; tandis que le contraire sera ressenti par des lignes descendantes ou orientées de droite à gauche, tout comme les couleurs froides.
Avant même de commencer la réalisation de l’œuvre,
l'artiste se doit donc de définir les lignes et les couleurs à utiliser.
Tous ces préceptes ont été rigoureusement suivi dans la dernière grande toile de Seurat: " le cirque", que nous étudierons cette semaine.