...

En cette fin du XIX° s., le mouvement impressionniste s'essouffle ; des artistes de la jeune génération cherchent déjà de nouvelles pistes.

Georges Seurat , alors âgé de 24 ans expérimente les possibilités de l'optique appliquée à la peinture, basant son travail sur les ouvrages scientifiques de Charles Blanc («  La grammaire des arts du dessin »), de Sutter et de Rood.

En 1884, il présente au jury du Salon une toile : " Baignade, Asnières ".


Baignade a Asnieres1883-1884-              200 × 300 cm

La toile est refusée.


Comme beaucoup d'artistes de cette époque, exaspérés par l'intransigeance du Salon, Seurat s'engage auprès des "indépendants" et participe à la première exposition de la Société des Artistes Indépendants, organisée quelques mois plus tard.


C'est là qu'un certain Paul Signac remarque la «  Baignade » … accrochée dans la buvette de l'expo !

Il rencontre aussi Seurat et les deux jeunes artistes se lient immédiatement d'amitié, échangeant leurs vues sur une approche scientifique de la peinture.

Tous les deux admirent Delacroix et s'intéressent aux travaux de Blanc, Sutter et Rood.

C'est un coup du destin !

Signac est fasciné par la rigueur scientifique de Seurat et Seurat s'intéresse de près à l'approche qu'a Signac de la couleur et de la lumière.

Peu à peu, l'idée du mélange optique des couleurs va s'imposer aux deux jeunes artistes.


En 1885, Signac présente Seurat à Camille Pissarro, qui va devenir le doyen du mouvement, adoptant alors la méthode divisionniste ... bien qu'avec prudence.

Les trois artistes échangent idées et découvertes.

Cette "passion" commune va devenir un "mouvement".

Lors du projet d'une nouvelle exposition impressionniste, induite par Berthe Morisot et son mari, Eugène Manet, Pissarro insiste pour que ses nouveaux amis soient présents.

Mais il rencontre une forte opposition chez les Impressionnistes (qui pourtant avaient souffert des mêmes préjugés à leur époque !)

Finalement, des oeuvres de Pissarro, Signac, Seurat, et Lucien Pissarro (le fils), sont exposées dans une salle spéciale de l'exposition, la dernière pièce de l'appartement de la maison Dorée, rue Laffitte.


Seurat y présente " Un dimanche après-midi à la Grande Jatte",

Un dimanche à la grande jatte

La toile est bien trop grande pour être à son avantage dans cette petite pièce, et la foule curieuse qui accourt devient moqueuse. Seurat et ses amis essuient de vives critiques.

Il parait même que lorsque le peintre Theo VanRysselberghe visita l'exposition, accompagné de son ami le poète Emile Verhaeren, il brisa sa canne devant la toile de Seurat ... irritation ou émotion ? Il deviendra quelques temps plus tard membre du mouvement divisionniste.

C'est à la seconde exposition des indépendants en 1886 que véritablement le mouvement va naitre.

Cette fois, les néo-impressionnistes ont une salle réservée. Seurat y "règne",  entouré de Signac, Dubois Pillet, Angrand, Cross et Lucien Pissarro.

Un jeune critique d'art va prendre la défense de cet art nouveau : Félix Fénéon.

Comme Zola pour les Impressionnistes, il va devenir le porte parole du petit groupe, qui lie des amitiés avec le mouvement anarchiste.

En 1886, Fénéon invente le terme de " néo-impressionnisme" (bien que Seurat eut préféré la désignation plus précise de “chromo-luminariste”) qui traduit bien le fait que le jeune mouvement a le même but que les Impressionnistes auprès de la couleur et de la lumière, mais en utilisant des moyens différents pour y arriver.

Pendant les quatre années qui vont suivre, le mouvement connait ses heures de gloire et fait de nombreux adeptes, y compris à l'étranger (notammment en Belgique et en Italie).

Mais l'engouement des jeunes artistes va diminuer rapidement : le divisionnisme est un art trop exigeant, et Seurat est souvent condescendant, jaloux et un peu "parano".

Il n'apprécie pas l'accroissement du nombre d'adeptes du mouvement !

Signac en revanche force l'admiration de tous.


En 1890, Pissarro décide d'abandonner la voix du néo-impressionnisme.( " impossibilité de suivre mes sensations, et par conséquent de donner la vie, le mouvement, la possibilité de suivre les effets si fugitifs et si admirables de la nature, la possibilité de donner un caractère particulier à mon dessin, j'ai dû renoncer. Il était temps !")


En 1891, Seurat meurt.

C 'est le coup de grâce pour le néo-impressionnisme.

Signac décidera de perpétrer le travail de son ami. Il restera fidèle aux divisionnisme et publiera en 1899 : " De Delacroix au néo-impressionnisme" dans lequel il expliquera leurs théories.

En 7 ans tout a été dit !

Mais "7 ans", c'est le temps qu'il a suffi à Seurat et ses amis

pour ouvrir la voie aux bouleversements picturaux du XX° s.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Post Navigation