"De quelle couleur voyez-vous ces arbres?
- Ils sont jaunes.
- Eh bien, mettez donc du jaune. Et cette ombre?
- Plutôt bleue.
- Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible.
Et ces feuilles rouges? Mettez du vermillon."
Peint sur le couvercle d'une boite de cigare (21 x 29 cm)
Musée d'Orsay-
Paul Sérusier se trouve à Pont-Aven, au début du mois d'octobre 1888.
La ville est déjà touristique et peuplée de peintres français et étrangers attirés par son aspect pittoresque.
Sérusier s'intéresse à quelques artistes, qualifiés d'"impressionnistes" qui peignent des tableaux aux couleurs "vives" et dont les discussions portent essentiellement sur des questions d'art et des problèmes théoriques.
Il s'agit d'Émile Bernard, Paul Gauguin, Charles Laval, Émile Schuffenecker, Ernest Ponthier de Chamaillard et Henry Moret.
A la fin de son séjour, Sérusier ose adresser la parole à Gauguin et obtient de lui une leçon en plein air au Bois d'Amour. Flatté de l'attention que lui porte ce jeune bourgeois cultivé, c'est ainsi que Gauguin lui donne ces brefs conseils !
L'idée est d'inciter le jeune peintre à se libérer des contraintes d'une peinture imitative; ceci avec des couleurs pures et en exagérant même les impressions reçues pour donner au tableau sa cohérence propre, décorative et symbolique.
Sérusier ramène à Paris ce petit panneau de bois ,"Le Talisman", et, enthousiaste, le montre à ses amis de l'Académie Julian.
Il s'ensuit, selon Maurice Denis, des débats intenses et même des bagarres entre les différents ateliers de l'école, ce qui soude les liens déjà existants entre ses amis et lui.
Un véritable groupe prend alors naissance sous le nom de "Nabis" ( "prophètes" en hébreu) pour exprimer l'engagement permanent dans lequel ils devraient oeuvrer pour le salut de l'art.
J’ai vu ce tableau à Orsay; il est étonnamment petit par la taille; c’est surprenant de voir l’importance qu’il a eu dans l’histoire de la peinture du XX° s.
Bises à tous et toutes de l’ocre bleu;