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Le quartier du canal, situé au pied de Notre dame de la garde entre la rue Sainte et le quai de Rive-Neuve, englobe le quai du canal, ( actuel cours d'Estienne d'Orves ), le quai du vieux-port, ( actuel court Jean Ballard ) et la place aux Huiles.

Il était jadis l'arsenal des galères de Louis XIV.

L'arsenal rasé à la fin du 18e siècle, le quartier abrite alors artisans et pêcheurs, auxquels viennent se joindre artistes, poètes, journalistes et intellectuels, ( les "Cahiers du sud " se trouvaient 10, quai du Canal, le " Petit Provençal", rue de la Darse, et " le Petit Marseillais", au coin de la rue Breteuil)

 Tous forment une communauté chaleureuse, laborieuse et bohème.

Dans les années 30, se trouvent ici aussi les ateliers de deux des plus célèbres artistes de Marseille,

Audibert et Cadenel,

piliers autour desquels gravite toute la vie artistique de la ville.

Ni maîtres, ni chefs de file d'une " école marseillaise " ... qui n'existe pas, ils créent un groupe d'amis et d'artistes auxquels viennent se joindre ceux qui s'intéressent à l'art, à la poésie, à la littérature, venant de Marseille, de toute la Provence, ... de Paris et, pendant la guerre, de bien plus loin encore. 

 

Louis Audibert (1880 - 1983) pendant 50 ans, fut installé 62, rue Sainte, et peignit jusqu'à son dernier jour à 103 ans.

Ayant connu Cézanne, rencontré Braque, Dufy, Derain, Frietsz, Vlaminck ...  Matisse, Camoin, Marquet, il donne des leçons de peinture à Churchill vers 1920 et refuse de le suivre à Londres, préférant sa liberté et le soleil ...

Il participe en 1905, avec ses amis Mathieu Verdilhan et Alfred Lombard, à la création de l'académie d'Allauch, devenue une petite école de peinture.

Figure artistique de la ville pendant plus d'un demi-siècle, Audibert rassembla autour de lui tous les mouvements, tous les courants, faisant le lien entre les peintres provençaux et les mouvements d'art moderne. 

Léon Cadenel (1903 - 1985) n'était pas moins célèbre.Il était ingénieur à la société des eaux de Marseille, mais était aussi peintre, dessinateur, céramiste, relieur, bibliophile, directeur de la revue de Xylographie et avait une prédilection pour l'art abstrait.

Il avait créé en 1920, la revue Taches d'encre, spécialisée dans les arts graphiques, et qui contribua avec Peuple et culture (journalde la section des arts plastiques de la Maison de la Culture) à la diffusion de l'art moderne.

Jusqu'en 1940, son atelier fut le plus réputé de Marseille : voisin, rue sainte, de la maison de la culture, il était le " nombril artistique " de Marseille, recevant Malraux, Aragon, Gide, Giono, Picasso au côté des intellectuels des Cahiers du sud et des jeunes peintres auxquels il prêtait son atelier et son matériel.

 Pendant la guerre et après,

il abandonne ses recherches d'avant-garde

et se met à calligraphier des poèmes célèbres

et à les illustrer de gravures, d'aquarelles et de gouaches

de peintres marseillais ou de lui-même.

Curieux de toutes les recherches artistiques et politiques nouvelles avant la guerre, ni l'expérience de l'abstraction, ni celle du front populaire à laquelle il avait participé, ne semblent avoir laissé de traces dans son oeuvre.

Désormais il s'orientera définitivement vers la lumière de sa Provence natale.


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