(1908- 1992)
Maria Elena Vieira da Silva - "Forum"
Testament
"Je lègue à mes amis
un bleu céruléum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d'outremer pour stimuler
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mousse pour apaiser les nerfs
un jaune d'or : richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science- fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur : la pureté
terre de sienne naturelle : la transmutation de l'or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d'ombre naturelle pour mieux accepter la mélancolie noire
une terre de sienne brûlée pour le sentiment de durée"
Vieira da Silva
Maria Elena Vieira da Silva - "Biblioteca"
Mieux la connaître :
Maria Helena Vieira da Silva est née à Lisbonne en 1908 dans une famille aisée.
Son père meurt lorsqu’elle n’a que 2 ans. Elle dessine dès l’age de onze ans et sculpte à 16 ans.
Elle fait de nombreux voyages avec sa famille qui « l’ouvrent à l’art » et sa mère l’encourage.
En 1928 Maria Helena s'installe à Paris et, avant de devenir l'une des fondatrices de « l’école de Paris », elle étudie la peinture à l’Académie de Fernand Léger, la sculture chez Bourdelle, et devient l’élève de Dufresne, Waroquier et Friesz; elle fréquente aussi l’atelier de gravure de S.W. Hayter.
En 1930 elle épouse Arpad Szenes, peintre hongrois.
En 1932,elle fréquente l’Atelier de Bissière à l’Académie Ranson. Ce dernier lui fait rencontrer Jeanne Bucher, la célèbre marchand d'art de cette époque.
D'abord "figurative", c'est au milieu des années 30 que Maria Helena Vieira da Silva élabore son style fait de lignes et de traits, de plans morcelés et de perspectives enchevêtrées si caractéristiques, et qui la rendra mondialement célèbre.
En 1938, elle accueille dans son atelier parisien le jeune peintre, Nicolas de Staël.
Durant la seconde guerre mondiale, Maria Helena et son mari partent pour le Portugal, puis pour le Brésil.
A la fin de la guerre, le couple revient à Paris et elle participera alors à de nombreuses expositions collectives;c'est à partir des années 1950 qu’elle se positionne comme un peintre de premier plan.
Elle a illustré de nombreux livres, des œuvres littéraires comme des livres pour enfants.
Une fondation inaugure à Lisbonne en 1994 un musée Arpad Szenes-Vieira da Silva qui dépend du Comité Arpad Szenes- Vieira da Silva.
En France, le musée de Dijon possède la plus importante collection publique d'œuvres de l'artiste (une centaine de toiles).
Maria Helena Vieira da Silva meurt à Paris en 1992.
Maria Elena Vieira da Silva - "Paris"
Mieux la comprendre et l'apprécier :
« Ses toiles reflètent son goût pour les surfaces divisées baignant, surtout à partir des années 1970, dans la lumière si caractéristique du Portugal. (…) Souvent à la frontière entre figuration et abstraction, le monde de cette artiste en quête d’infini est construit à partir d’unités colorées et de lignes qui s’enchevêtrent en créant des espaces labyrinthiques. On pense parfois à Lisbonne, sa ville natale, même si elle y a fort peu vécu. » (extrait de Portugal, Hachette, 2002)
" L'œuvre de Vieira da Silva surgit et l'aiguillon d'une douce force obstinée, inspirée, replace ce qu'il faut bien nommer l'art, dans le monde solidaire de la terre qui coule et de l'homme qui s'en effraie. Vieira da Silva tient serré dans sa main, parmi tant de mains ballantes, sans lacis, sans besoin, sans fermeté, quelque chose qui est à la fois lumière d'un sol et promesse d'une graine. Son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes, invitent aussi bien à un retour aux montagnes gardiennes qu'à un agrandissement en ordre de la ville, siège du pouvoir. Nous ne sommes plus, dans cette œuvre, pliés et passifs, nous sommes aux prises avec notre propre mystère, notre rougeur obscure, notre avidité, produisant pour le lendemain ce que demain attend ".
- René Char, 1960 -
Maria Elena Vieira da Silva - "Les chantiers"
Mieux voir :
Très interessant ton article. Je ne connaissais pas du tout. Bon dimanche. Isabelle
Il y a un de ses tableaux au Musée Cantini … ce n’est pas suffisant pour se faire une vraie idée de son travail, de plus il n’est pas très grand, mais c’est toujours intéressant !
Je ne la connaissais que de nom, pour être très franche… cet article est très intéressant, visuellement, c’est trop tourmenté pour on oeil, mais ma culture a fait un pas en avant! Je ne renonce pas à l’abstraction pour autant, mais ça n’est pas simple; merci …et bonne journée
J’ai appris à l’aimer; nous avions peint à sa façon deux toiles. Les artistes n’ont pas tous la même chance dans leurs vies, elle a été privilégiée et pu s’exprimer comme elle voulait. Bon courage ! mes amitiés Christine
C’est vrai que la démarche ” abstraite” n’est pas si facile ! … peindre quoi, comment, pourquoi en dehors de notre réel…c’est une vraie “aventure”… mais toutefois intéressante à tenter. Vieira da Silva peut nous permettre de pousser un peu cette ” porte”.
Bon WE et toutes mes amitiés, Catherine…
Bonjour! Oui, j’aime beaucoup Maria-Elena! Nous rentrons de Lisboa où nous avons admiré ses oeuvres! je suis contente de la retrouver chez vous! Je suis moi-même écrivain-peintre sur velours, modestement. Bonne continuation!