blake-ancêtre des jours
Fils d'un bonnetier, il naît le 28 novembre 1757 à Londres où il vit la plus grande partie de sa vie ( il y meurt le 12 Août 1827)
Il ne fréquente pratiquement pas l'école mais lit énormément comme le prouve sa poésie qui laisse transparaître l'influence de la pensée de Jakob Böhme et du swedenborgisme (voir Swedenborg, Emanuel).


Enfant, il veut devenir peintre et entre dans une école d'art, avant d'être placé à quatorze ans en apprentissage chez le graveur James Basire.

Il étudie ensuite à la Royal Academy, où il se lie d'amitié avec John Flaxman et Johann Heinrich Füssli, dont les recherches seront d'une profonde influence sur son travail.

Après une querelle contre les doctrines esthétiques néoclassiques du directeur de l'Academy : Sir Joshua Reynolds, Blake ouvre son propre atelier de gravure, en 1784.

  

Mais après quelques années il doit le fermer, faute de rentabilité. Il n'abandonne ni l'illustration ni la gravure. Aidé de son épouse, il imprime ses propres livres de poésie et " ses livres prophétiques" inspirés de la Bible et de Milton..

Dès 1789, il travaille selon la technique de l'impression,de la gravure enluminée.Les tirages sont en nombre limité.

Son célèbre procédé est complexe : il devait sans doute porter le texte et les illustrations de chaque poème sur une plaque de cuivre à l'aide d'un produit inattaquable par les acides. Ceci permettait aux lettres et aux illustrations d'apparaître en relief après trempage. Il appliquait alors de l'encre ou de la peinture à l'eau sur la plaque, tirait des épreuves et les finissait à l'aquarelle.

Il peint aussi des aquarelles, des tempera et des monotypes, mais aucune peinture à l'huile, selon sa théorie de l'art.
Son oeuvre la plus connue est une série d'aquarelles pour le livre de Job qu'il réalise de 1823 à 1825.

Blake peint essentiellement des sujets religieux ; il compose également des illustrations profanes pour une édition des poèmes de Thomas Gray et des aquarelles pour les Pensées nocturnes d'Edward Young.


Blake

Il est influencé par la philosophie néo-platonicienne qui prévalait à l'Académy depuis la fin de la Renaissance et qui donne la priorité au dessin en refusant les composantes "sensuelles" de la couleur " qui égare les sens".


Blake écrit ses premiers poèmes à l'âge de douze ans et publie en 1783 un recueil intitulé Esquisses poétiques : ces vers de jeunesse, précurseurs du style et des thèmes novateurs qu'il développera par la suite, ne trouvent guère de lecteurs.

Plus populaire, Chants d'innocence (1789) contient des poèmes simples et lyriques, attestant d'une grande fraîcheur et d'une réelle spontanéité.

Dans Chants d'expérience (1794), Blake exprime avec passion ses doutes sur la perfection humaine et la société.

Une unité de style et un même sujet relient les deux recueils. " Innocence " et " Expérience " sont " ces deux états contraires de l'âme humaine " que Blake dépeint dans deux poèmes indissociables, " l'Agneau " (" The Lamb ") et " le Tigre " (" The Tyger "), symbolisant respectivement l'enfance innocente et le monde adulte corrompu et répressif.

 

Par la suite, Blake s'attachera à développer l'idée selon laquelle il n'existe pas d'innocence véritable sans expérience, cette dernière étant elle-même transformée par la force créatrice de l'imagination.

L'art graphique de Blake est, comme sa poésie, un défi aux conventions du XVIIIe siècle.

En effet, revendiquant la supériorité de l'intuition mystique sur la raison, Blake estime que les formes parfaites ne peuvent être reproduites que d'après les visions intérieures et non pas d'après l'observation de la nature.

Son style linéaire et rythmique est lui aussi un pied de nez au style académique alors en vigueur qui prône les aplats de couleur.

Blake s'inspire des sculptures qui ornent les pierres tombales médiévales - qu'il a recopiées lorsqu'il était apprenti - et du maniérisme. Il est également influencé par Michel-Ange, comme le prouvent les illustrations communément appelées The Ancient of Day, qui forment le frontispice de son poème Europe, une prophétie (1794).


          Il se considère comme un prophète et sa théorie prend ses racines dans une mystérieuse philosophie reposant sur l'unité entre l'expression de ses conceptions et son engagement philosophique.

Il désire que sa combinaison entre " écriture" et "enluminure" (selon la tradition médiévale) soit comprise comme une oeuvre d'art totale.

Il y a fusion entre ce qu'il appelle " ses visions d'éternité", sa poésie et ses transcriptions iconographiques.


Ses "livres prophétiques" sont une série de longs poèmes en vers de forme assez libre, écrits à partir de 1789. Ils constituent une véritable épopée de la création, des dieux et enfin de l'humanité.

Blake y travaillera pendant une trentaine d'années, et élabore à cette occasion une mythologie personnelle fort complexe, inventant ses propres personnages symboliques afin d'exprimer ses préoccupations sociales, comme Urizen qui incarne la moralité répressive et Orc le grand rebelle. Ceux-ci apparurent dans ses poèmes intitulés la Révolution Française (1971), l'Amérique (America, a Prophecy, 1793) et les Visions des filles d'Albion (1793). Blake y condamne, comme dans Europe, une prophétie (1794), la tyrannie sociale et politique de son temps. Il aborde également le thème de la tyrannie théologique dans le Livre d'Urizen (1794) et traite du cycle infernal engendré par l'exploitation commune des sexes dans The Mental Traveller (v. 1803).

 Au nombre des Livres prophétiques se trouve le volume intitulé le Mariage du ciel et de l'enfer (1790-1793), où Blake recherche l'unité de l'âme et du corps, de Dieu et de l'Homme tout en les opposant en des contrastes forts.

Pour Blake, "sans contraires il n'y a pas de progression possible".

Il cultive le paradoxe comme une force poétique dans les Proverbes de l'enfer tirés du même ouvrage : "The tygers of wrath are wiser than the horses of instruction" ("Un tigre courroucé est plus sage qu'un cheval éduqué").

 

Grâce au mécénat de Willam Hayley, Blake habitera la ville côtière de Felpham entre 1800 et 1803.

Il y compose, dans la continuité des Livres prophétiques, de grandes épopées visionnaires rédigées en vers libres et gravées à l'eau-forte entre 1804 et 1820 : Milton (1804-1808), Vala (1797, réécrite après 1800) et Jérusalem (1804-1820).

Ces œuvres de maturité, ne comprenant ni actions, ni personnages, ni rythmes, ni mètres traditionnels, requièrent un nouveau mode de lecture et furent écrites, dans l'esprit du poète, en prévision d'une nouvelle forme de conscience plus élevée qui permettrait à l'esprit humain de dominer la raison.

 

Blake a été qualifié de préromantique parce qu'il rejetait le style littéraire et la pensée néoclassique; il fut en butte toute sa vie avec les valeurs de l'Angleterre du XVIIIe siècle.

Mais, de son propre aveu, il demeure inclassable comme penseur et poète :

"Je dois créer un système qui me soit propre ou bien être l'esclave de celui de quelqu'un d'autre."

Non-conformiste à l'extrême, Blake comptait dans ses relations des libres-penseurs anglais tels que Thomas Paine et Mary Wollstonecraft.

Mystique, il soutint la Révolution française au nom d'une foi libératrice de toutes les oppressions.

Soumis depuis son plus jeune âge à des visions mystiques, il semble en tirer la force intérieure de son style mais aussi un certain hermétisme.

La limpidité des Chants de l'innocence et de l'expérience, leur émerveillement mais aussi leur révolte contre l'Église et la société - destructrices de la pureté de l'amour humain - en font son œuvre la plus lue.

Les Livres prophétiques, œuvre de maturité de l'artiste, rebutèrent la plupart des lecteurs par leur hermétisme, leur monotonie, le manque de discipline et d'unité dans le style, malgré des moments d'intenses et grandioses visions. Certains critiques virent pourtant dans cet ensemble monumental, dans la complexité et la modernité de sa mythologie, une anticipation de la psychanalyse.

Blake est également l'auteur d'Une île de lune (1784), une joyeuse satire de certains épisodes de sa vie, et a laissé une correspondance non négligeable.

Quant au Manuscrit Rossetti, il contient des ébauches et de courts poèmes que Blake composa entre 1793 et 1818. Dante Gabriel Rossetti, qui l'acheta en 1847, fut l'un des premiers à reconnaître le génie de Blake.

blake-flamme du désir

Blake terminera sa vie dans la misère, entouré de l'amitié d'un groupe de jeunes disciples. Il meurt sans avoir pu achever une série de dessins inspirés par la Divine Comédie. Son style visionnaire exercera une profonde influence sur les poètes qui suivirent, dont Swinburne, Yeats et Emily Dickinson
Tombé un temps dans l'oubli, il est désormais considéré comme l'un des premiers romantiques et l'un des précurseurs de la peinture moderne.

5 Thoughts on “William Blake …Peintre, graveur et poète visionnaire anglais

  1. bonjour, votre bio de Blake est trés intéressante.
    je termine actuellement mon prochain disque entièrement consacré à Blake : “Ode to William Blake” une des 16 chansons (la plus tranquille!) . maquette, non-mixé et non-masterisé : http://www.wat.tv/audio/to-tirza-2fev10-267m5_267f1_.html 
    je suis, comme beaucoup, trés dérangé par les copyrights pour utiliser les repro de gravures. avez-vous des infos sur celles du domaine public ?
    Je pense que Blake n’apprècierait pas beaucoup qu’il y ait des copyright sur des photos de ses oeuvres (nécessitant aucune intervention artistique)et que celà empèche à tous de connaître librement son oeuvre et ses idées.
    « La culture trace des chemins droits, mais les chemins tortueux sans profit sont ceux-là même du génie. »
    William Blake – Le Mariage du Ciel et de l’Enfer

  2. Merci pour ce commentaire. et Bravo pour cette création que j’ai bien appréciée: votre voix se prêtant bien à l’atmosphère de Blake. Bonne continuation dans la création.

  3. je vous avais contacté quand mon album était en préparation.
    Il est terminé : “Ode to William Blake” 16 chansons + livret de 52 pages.
    Je m’autoproduit, donc no producteur, no promo, no distribution……..dans l’esprit de Blake ;o) Sur mon site (actuellement en reconstruction) on peut tout écouter. http://www.lezarts.info/

    sur Myspce il y a aussi toutes les chansons et les 52 pages du livret (dans photo) : http://www.myspace.com/fernandpna
    Il y a peu de moyen pour faire connaître un disque autoproduit : les concerts et le bouche à oreilles. si vous voulez faire circuler cette info merci.
    http://www.facebook.com/photo.php?pid=5621019&l=f3c1a299f2&id=669101306

    Le 28 novembre prochain je joue à Londres au Tate pour l’anniversaire de la naissance de Blake
    http://zoamorphosis.com/2010/10/fernand-pnas-ode-to-william-blake/
     

    belle vie

    fernand

     


    • Merci de l’info et des liens, je vais prendre le temps de découvrir l’album, et je fais passer le lien…pour le peu que j’ai eu le temps d’en entendre hier… ça vaut le détour!

      La pochette… bravo, j’aime beaucoup cette illustration de Blake sur un “Dieu géomètre”.Au plaisir !…

  4. Bonjour,

    après un petit tour en plonésie française ( http://www.lezarts.info/blogs.php?lng=fr )

    je reprend le tarvail avec Blake. Le 28 avril à 19h, je suis en concert à la Médiathèque Musicale de Paris (mes Halles). entrée libre
    Faîtes passer l’info.
    http://www.lezarts.info

    belle vie

    fernand

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Post Navigation