Les trois arts, poésie, calligraphie et peinture sont pratiqués par les mêmes artistes, des lettrés, appelés en Chine weren ( hommes de wen à partir du onzième siècle).


Shitao-copie-1.jpg "Shitao"

 

En Europe, "peindre" a acquis le sens de "décorer avec des découpages", "décorer" puis "décorer avec des couleurs".

Depuis, peindre est intimement lié à la couleur.

Le latin pingere et pinctura a aussi donné pigment et peintre.

Aujourd’hui. le peintre est la fois l’artiste peintre et le peintre en bâtiments, celui qui applique des couleurs sur la surface des objets.

Ainsi, une image réalisée au crayon ou au stylo et sans couleur est appelée dessin ou schéma, mais n ‘est pas qualifiée de peinture ; le rôle de la couleur est primordial.


DEXT-RIT--DE-LA-TOUCHE.jpg " dextérité de la touche"

 

La théorie picturale chinoise commence à la fin cinquième siècle avec Xie He, (actif vers 500— 535) et ses six lois de la peinture.

Mais la première véritable définition de la peinture est due à Zhang Yanyuan qui affirme, par exemple, que peindre un nuage en soufflant simplement de la poudre sur la soie, quoique cela peut être expli­qué comme imitant le parcours naturel d’ un nuage poussé par le vent, « n est pas qualifié de peinture car aucune trace de pinceau n’apparaît ».

Pour la même raison, les paysages réalisés à l’encre éclaboussée (pomo), quoique très appréciés par les générations ultérieures, ne sont pas considérés comme de la peinture.

Dans cette première tentative de définir la peinture, ne peuvent être qualifiées de "hua" que les peintures qui correspondent à certaines normes ; ici, la norme picturale est de montrer des « traces de pinceau »

 

La peinture se réfère à la calligraphie

aussi bien techniquement qu’ esthétiquement.


Les média et supports (papier, soie, encre, pinceau ) sont les mêmes dans les deux arts : la technique mise en oeuvre est basée sur les principes de la calligraphie, c’est à dire les traces de pinceau.


Avoir une même origine implique en réalité qu’elles partagent une même philosophie et qu’elles tendent non à la beauté mais au naturel (ziran), donnant naissance à une esthétique qui ne se soucie pas principalement de ressemblance formelle au sens de mesure objective des formes.

 

La peinture a adopté le même langage que la calligraphie

afin d’être reconnue en tant qu’art.

 

La peinture doit être monochromatique ; philosophiquement, le noir de l’encre correspond à la couleur du mystère ou du chaos originel, noire, sombre.

L’encre possède toutes les couleurs en soi puisqu’elle incarne la couleur du chaos originel et qu‘elle correspond à la matrice de tous les possibles.

Le noir de l’encre et le blanc du support suffisent pour représenter toutes les mutations cosmologiques en incarnant respectivement, le principe Yin pour l’encre et le principe Yang pour le support.

 

Depuis que la peinture est considérée comme un art, il existe deux sortes de peintures :

- l’une proche de la calligraphie qui adopte sa technique et sa philosophie et qui est qualifiée d’art de la peinture et

- une autre, qui « ne peut être qualifiée de peinture » car soit elle n’emploie pas le pinceau à la façon de la calligraphie, comme c’est le cas des paysages à l’encre éclaboussée, soit elle prend en considération la ressemblance formelle en procédant à des représentations minutieuses, détaillées et colorées.

3 Thoughts on “La peinture en tant qu’art en Chine ….

  1. Un vrai voyage intérieur.Bon dimanche.

  2. Tes cours sur la peinture chinoise sont passionnants et incitent à se jeter sur tout ce qui constitue cette grande civilisation ainsi bien sûr qu’à peindre ! Merci…

  3. Merci Michèle … aiguiser la curiosité … y répondre en partie … et donner envie …. j’aime bien ! à cet après midi …

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