...
Depuis toujours les artistes ont tenté de traduire le mouvement en peinture ou en sculpture.
Défi souvent irréalisable, car comment représenter ce qui bouge et qui par définition ne peut être immobilisé ?
D'autant plus sur un support statique et limité dans l’espace comme le papier ou la toile.
En fixant l'instant ... en répétant le geste ?

- C'est paradoxalement dans l'immobilité que la mobilité paraît pouvoir se représenter en choisissant le ou les gestes qui expriment le plus efficacement le mouvement.
Essayer de figer ce qui est mobile préoccupe les artistes depuis l'Antiquité.
Avec ce "geste figé", le peintre saisit l'instantanéité du geste, pour exprimer ce qu'il y a de plus éphémère, au moment le plus significatif de l'action et sous l'angle de vue le plus explicite : la tension est alors exprimée par les courbes, les contre courbes, les obliques formées par les lignes du sujet.


"Discobole" - céramique grecque

 

* Avec l'évolution des progrès techniques au  début du XX° s., de nouvelles interprétations apparaissent permettant d’intégrer de nouvelles perceptions liées au mouvement et à la vitesse.

- Le " morcellement " cubiste ou le réseau de "grilles"  qui compartimentent la surface de la toile chez les Delaunay ( que David Hockney reprendra plus tard), fragmentent les formes et provoquent une perturbation visuelle, une lecture parcellaire de l'image.
Cette vision rapide et fragmentée de la réalité permet de percevoir cette accélération due au monde moderne tourné vers la vitesse.

Robert Delaunay -
" Manège de cochons ou Manège électrique - 1922

Sonia Delaunay
" Bal Bullier" - 1913

En savoir + sur les " Delaunay" : ici et

David Hockney - " Nathan swimming" 1982

- Avec les "Futuristes", même s'ils appliquent quelques principes cubistes, ce sont les effets de simultanéité et de dédoublement qui nous montrent un mouvement à travers sa propre progression …
Le mouvement est ainsi comme dans un "effet ralenti", inspiré des chronophotographies.

Comme l'a réalisé aussi Marcel Duchamp avec :" Nu descendant un escalier"

Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier,
huile sur toile, 1912

 

Giacomo Balla "Velocità d’automobile", 1913.

- Le mouvement peut aussi être représentée, comme dans la photographie, par des zones "floutées" : flou de l'arrière plan , flou du sujet évoquent un déplacement rapide.

Gerhard Richter -
"Ema (Nu sur un escalier)" - 1966
Huile sur toile. 200 × 130 cm.


- L’art optique et l'art cinétique : sont le prolongement de ces expérimentations plastiques qui en se géométrisant, vont proposer une nouvelle approche du mouvement.

Vasarely - "Vega 222", 1969-1970
Acrylique sur toile, 200 x 200 cm


 

* Dans toutes ces approches du mouvement , même si l'image est " chahutée", déformée, cassée, recomposée, ...  le travail de peinture reste techniquement classique avec des surfaces à remplir de dégradés ou d'aplats ; un travail "lisse" qui ne fait pas percevoir le travail de l'artiste.

- Mais si on dépasse le stade de la simple représentation, le mouvement peut aussi présenter et signifier le résultat d'une attitude picturale liée à l'action et à la vitesse.
Chez des artistes comme MathieuMessagier,  Pollock  ou De Koening par exemple, les giclures, les couleurs appliquées directement avec le tube, la trace de gestes spontanés, les éclaboussures et les effets de dripping ... mettent en évidence autour des lignes de force, une composition dynamique qui nous met face à la mobilité de l’artiste.
Fixation d'un mouvement éphémère, où la trace reste présente comme constat de l'action.
C’est  « l’Action painting ».


Pollock

A vous de trouver vos propres façons de signifier le mouvement sur la toile ou le papier !

 

3 Thoughts on “En “mouvement” …

  1. GALLIN Geneviève on 28 mai 2019 at 7 h 44 min dit:

    Eh bien ya du boulot en ce qui me concerne…quand tu vas voir ce que j’ai fait Christine avec le manège de cochons…tu vas comprendre combien mes petits yeux et mon cerveau ont souffert!
    Mais cette lecture est fort intéressante…
    A tout à l’heure!
    Geneviève.

  2. sophie BARDON on 28 mai 2019 at 8 h 26 min dit:

    Christine,

    Que de bons souvenirs, ces cours sur le mouvement avec toi.
    Bises à tous et toutes

    Sophie

  3. elisabeth baudet on 28 mai 2019 at 9 h 47 min dit:

    Pour le Marcel Duchamp je vois que le nu s’est sans doute cassé la figure ….????

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