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Les anciens imaginaient le temps de façon cyclique, avant de le concevoir plus tard comme un temps linéaire, avec un début (la Création) et une fin (Le Jugement dernier)
Dès la préhistoire et dans l’antiquité, on pensait que les hommes venaient au monde sur la terre, puis étaient rendu à la déesse-terre à leur mort : déesse terre qui les régénérait pour qu'ils puissent renaitre par la réincarnation.
Cette déesse était auto-génératrice ...
comme l’ouroboros.
" Ouroboros ": miniature arabe du XVIII° s.
"L'Ouroboros" ou "le roi serpent" : le serpent qui se mord la queue
( Ouroboros viendrait du copte "ouros" qui signifie « roi »
et de l’hébraïque "ob", qui veut dire « serpent » )
Symbole de l'éternel retour et de la régénération continuelle de la vie,
il illustre le mieux cette conception cyclique du temps.
Il représente l'éternité et la continuité de la vie ; il est l’emblème primordial de la création.
Son symbolisme rejoint celui du phénix qui renaît constamment de ses cendres.
Ce n'est pas un cercle figé : le serpent qui se mord la queue peut néanmoins avancer de façon linéaire.
La roue ne fait pas que tourner sur elle-même. Quand elle touche le sol, elle le pousse vers l’arrière, ce qui la propulse en avant.
Le cercle, qui représente le Tout, se déplace d’arrière en avant, du passé vers l’avenir, il avance dans l’espace et le temps.
Le symbolisme de l’ouroboros rejoint alors celui du caducée.
L’idée de l’immortalité du serpent vient aussi du fait qu’il change régulièrement de peau .
" Le serpent change sa peau à l’âge qu’il tient de la nature. Aussitôt qu’il a pressenti la vieillesse, il s’enferme dans un passage étroit, y laisse une peau ridée en même temps qu’il s’y glisse, et, dépouillé de lui-même dès l’entrée, ne sort de sa caverne que brillant et rajeuni" - Tertullien
L’acte de se mordre la queue illustre le principe de l’autofécondation. Il est accompagné de inscription : " En to pan " : " L'un, le tout".
Chez les Égyptiens, c’est l’anneau qui unit les quatre divinités cosmiques : Seth, Isis, Osiris, Horus.
Dans la mythologie gréco-romaine, l’ouroboros est un des attributs de Saturne ( relire ici) , représenté sous l’aspect d’un vieillard tenant une faux dans la main droite et de la gauche l’ouroboros, car dans la continuité du temps, le dernier jour du mois rejoint le premier jour du mois suivant, le premier mois de l’année suit le dernier mois de l’année précédente, comme se rejoignent la tête et la queue de l’animal.
Son symbolisme rejoint celui de Janus représenté par deux visages opposés, l’un jeune, tourné vers l’avenir, l’autre, vieux, tourné vers le passé.
Chez les alchimistes des premiers siècles de l’Empire romain, l’ouroboros est un symbole de l’Œuvre qui n’a ni commencement, ni fin : il est un gardien du Temple de la Connaissance, emblème du principe actif, la tête, et du principe réceptif, la queue, régénérée par la tête.
Durant le Moyen Âge, l’ouroboros est un emblème de l’initié dans les milieux religieux et certaines confréries laïques. Il a été le « symboles des révélations successives de la science, de la connaissance réservée à l’Élite, et du silence qui s’impose à l’initié »
A la Renaissance, l’ouroboros rencontre beaucoup de succès, notamment grâce au néoplatonisme de Pic de Mirandole et de Ficin.
On retrouve le motif au revers des médailles à l’effigie des princes et des seigneurs.
L’image symbolisait leurs qualités morales, intellectuelles et politiques.
En savoir + :
"Symbole et Allégories" de Mathilde Battistini chez Hazan
http://www.dictionnairedessymboles.fr/article-le-symbolisme-de-l-ouroboros-117703494.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouroboros