Le trompe l'œil (mot invariable (au pluriel : des trompe l’œil), ou le triomphe de l'illusion
C’est art connu et pratiqué depuis l’Antiquité qui a traversé les temps et continue encore aujourd'hui à nous fasciner et à nous tromper...
Il désigne une peinture qui donne l’illusion de la réalité, par un excellent rendu du relief apparent de l’objet, ceci grâce à un jeu d’ombres et de lumières. Les reliefs sont obtenus grâce à une maîtrise des valeurs tonales et colorées des plus sombres aux  plus claires.
D'abord sur les murs, puis les toiles, cette figuration a mené à des lois de perspective et développé une technicité picturale qui reste une des grandes directions de l'art.

Le domaine du trompe-l'œil ne se limite pas qu'au tableau ; lorsqu'il en dépasse le cadre, il envahit le mur tout entier et devient peinture murale.
L'architecture y est alors figurée selon les lois de la perspective pour le spectateur ; elle peut aussi, dans une illusion saisissante, être un vrai trompe-l'œil architectural.

Le mot de "trompe-l'œil" est apparu tardivement, au XIXème siècle. Il a été utilisé pour qualifier une production picturale abondante au XVIIème dans les pays du Nord de l'Europe, en Hollande en particulier.

Le trompe l'œil ne vise pas, en fait, la réalité mais bien plus subtilement un mélange de tromperie et de vérité
Il s'agit pour le peintre de réaliser un faux plus vrai que nature, une "illusion qui dirait, en trompant, la vérité de l'illusion".
Malgré tout ne confondons pas tromperie efficace et représentation picturale très réaliste : un objet qui sort du cadre et peint sur le bord du tableau est souvent un trompe-l'œil destiné à montrer que le reste du tableau n'en est pas un (Voir les écrits de Daniel Arasse : Le Détail, pour une histoire rapprochée de la peinture)

Jeu de séduction et de confusion du spectateur, le trompe-l'œil a porté très évidemment son choix plus volontiers vers des sujets inanimés ou statiques.

On ne réalise pas un trompe-l'œil à partir de n'importe quel sujet. Il s'agit en effet d'abuser au mieux le regard en évitant soigneusement d'aborder ce qu'une surface plane, immobile et structurée, ne peut savoir représenter. Inversement, tout ce qui peut distraire l'attention ou rappeler une proximité familière avec le réel est bienvenu.

 
On retiendra ainsi comme motifs de trompe-l'œil les sujets aux caractéristiques suivantes :
- le motif est plat et de faible profondeur.
- l'horizon est absent.
- il n'y a pas de représentation du vivant, par nature instable.
- on cherche la variété et la richesse de texture des objets présentés.
- les objets sont empruntés au quotidien et témoignent de son activité désordonnée.
 
Le jeu des ombres et de la lumière ainsi que la justesse des couleurs, rendent juste la représentation d'objets. Par leur présence si trompeuse ils semblent appartenir à l'espace réel du spectateur.

Vrais objets ? Cette vérité du trompe-l'œil, patiemment et habilement fabriquée est un art du faux.
Le spectateur est conquis, mais pas dupe. Le clin d'œil et l'humour accompagnent bien souvent le trompe-l'œil et en sont l'élégance.
La distance crée l'illusion,l'approche du tableau révéle le stratagème : il ne s'agit que de peinture mais l'art a joué son rôle.


Des renseignements sur les artistes que je vous ai nommés:

 - Cornelis Norbertus Gysbrechts ou Gijsbrechts (1630 - 1675) est un peintre néerlendais, actif dans la deuxième moitié du XVII° s., né vers 1630 et mort après 1675. C'est un peintre spécialisé dans les natures mortes et les trompe-l'œil. Il semble avoir fait une grande partie de sa carrière à Copenhague.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelis_Norbertus_Gysbrechts

- Plus tard, au XVIII° s.,Giambattista Tiepolo secondé par le quadraturiste Gerolamo Mingozzi Colonna (detto MINGOZZI 1688-1772),peint les extraordinaires fresques du Palais Labia à Venise.

À Würzburg en Allemagne, il décore de fresques la grande salle à manger de la résidence du prince-évêque Karl Philipp von Greiffenklau, puis du monumental escalier.
Tiepolo a joué subtilement dans ses peintures murales avec des couleurs d'une légèreté aérienne, de points de fuite multiples et successifs, trichant ainsi avec les lois même de la perspective unique.
cf." Le storie di Antonio e Cleopatra. Giambattista Tiepolo e Girolamo Mengozzi Colonna a Palazzo Labia"

 

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