...
A partir du moment où les paysages remplaceront les fonds d'or ( relire ici), celui-ci n'aura plus sa place dans les tableaux à valeur artistique et ce pour plusieurs siècles ( l'or et aussi l'argent, le cuivre ...) ; mais avec l'époque moderne et contemporaine il retrouve une vraie présence.
Finie certes la valeur symbolique longtemps prêtée à l'or et en dehors de toute valeur décorative, il trouve une juste place dans l'équilibre et l'expression des œuvres qui le contiennent.

le_baiser"Le Baiser" -  Gustav Klimt - 1908 à 1909.
Huile sur toile recouverte de feuilles d'or

Conservée au palais du Belvédère à Vienne, cette œuvre fait partie du Cycle d'or de Klimt et est sûrement l'œuvre la plus célèbre du peintre autrichien. Probablement les modèles sont l'auteur lui-même et sa petite amie Emilie Flög.

Comment se servir de l'or et qu'avons nous à notre disposition pour poser de l'or véritable ou de la couleur or ?

L'or véritable se présente en feuilles ; vous trouverez de l'or de 12 à 24 carats ( de l'or jaune, blanc, orange , de l'argent, du bronze ... )
Les feuilles d'une taille de 8 x 8 cm environ sont présentées en petit carnet de 12 à 25 feuilles, elles sont séparées par des feuille de de vélin ou de papier de soie ; elles peuvent être libres ou plaquées sur un parchemin huilé, plus facile à manipuler.
Ces feuilles sont très fines :
8 000 feuilles d'or destinées à la dorure peuvent rentrer dans un seul millimètre d'épaisseur ! On peut fabriquer 1 000 feuilles avec une seule once d'or (soit environ 30 gr)
Ces feuilles sont plus faciles à manipuler pour nous si elles sont plaquées sur ce parchemin huilé, sinon avec des feuilles libres il faut un matériel de doreur plus spécifique et un petit tour de main plus abouti.
feuilles

L'or de composition est une imitation de l'or d’applique ; il convient pour toutes les dorures d’intérieur, les cadres de tableaux et de miroirs, les icônes, ... et fait aussi son plus bel effet sur les tableaux.
Il est moins cher que l'or véritable ; la seule "contrainte" sera
de recouvrir l'or de composition d’une couche de vernis pour le préserver de l’oxydation.
Présenté aussi en carnets, les nuances sont aussi moins nombreuses,( c'est en général un or moyen) et les feuilles sont plus grandes : elles font environ 150 x 150 cm.

or_de_compositionOr véritable ou de composition, dans tous les cas , les feuilles d'or s'appliquent au moyen d'une mixtion posée auparavant sur une surface dégraissée.
Il existe les mixtions maigres ( temps de pause 15 minutes avant de poser la feuille) et les mixtions grasses qui ont un temps de pause qui varie de 3 à 12 h. ( il faut regarder sur le flacon)
L'utilisation de mixtions grasses demande ensuite l'utilisation d'un brunissoir pour polir l'or posé.
Donc si on veut faire plus simple sur nos tableaux (papier, toile, bois ... ce que vous voulez ) utilisez plutôt des feuilles fixées et de la mixtion à l'eau.
Le geste ?... comme pour une décalcomanie !
coquille

L'Or peut aussi se trouver en coquille ; il s’agit d’or fin véritable, lié par une goutte de gomme arabique. Quelques gouttes d’eau suffisent pour le libérer du liant.
Les coquilles d'or sont en général proposées en deux tailles différentes : 0,4 g et 1,5 g.

Le pigment or que l'on peut trouver aussi, est en fait un alliage ; il vous sera utile si vous préparez vos peintures et notamment pour la peinture à tempéra.
Ici pas de pigment nomenclaturé dans le colour index comme nous l'avons vu pour les autres couleurs.

On trouve aussi des peintures toutes prêtes : or, argent ... ce sont les peintures "métalliques" :
Vous les trouverez en aquarelle, en acrylique, en huile ....
Ce sont des peintures qui restent "fragiles" notamment par rapport à leur oxydation et à la stabilité à la lumière, mais que l'on a plaisir à utiliser ... Ne vous en privez pas !

" L'emploi de l'or en peinture, sur le fond d'un panneau, sur un mur ou sur toute surface picturale, est une pratique très ancienne qu'évoquent presque tous les traités conservés. Ces techniques sont encore employées, mais certains produits naturels ont été remplacés par des substances chimiques.
Il faut distinguer la dorure sur panneau (plus rarement sur toile ou sur feuille de parchemin), de la dorure sur mur.
En règle générale, il s'agit de faire adhérer de la poudre d'or (en coquille ou en feuille) au support par l'intermédiaire d'une « assiette » et d'un liant adhésif.
Les techniques anciennes sont bien décrites dans les traités d'Héraclius (xie s.), de Théophile (xiie s.), de Cennino Cennini (Libro dell'arte, fin du XIVe ou début du XVe siècle) ou de Jehan le Bègue (rapporté par M. P. Merrifield, Original Treatises on the Art of Painting, 1849).
Sur panneau, la recette la plus courante consiste à étendre sur le gesso un bol, « bol d'Arménie » d'argile rouge très fine mêlée à de l'albumine d'œuf battue, utilisée pour le fond de même préparation. Quand le tout est bien sec, on brunit avec une dent de chien et on lisse avec un tampon de lin. On passe ensuite le blanc d'œuf après avoir humidifié et l'on dépose l'or de la feuille. On brunit à nouveau.
Sur un mur, on utilise en général un mordant à base d'huile cuite, de térébenthine et de cire. On pose parfois ce mélange sur certains panneaux.
Pour la dorure sur parchemin ou sur tout autre support de type bristol, dont la surface est légèrement glacée, on utilise de la poudre d'or en coquille avec de l'eau gommée et du fiel (ou tout autre produit similaire de synthèse) en préparant parfois l'assiette avec une couche de tempera à l'œuf et à la glycérine ou encore avec du blanc d'argent et de la glycérine, parfois de la gélatine. On utilise également la formule d'une gomme adragante (comme pour le pastel). Mais les recettes sont nombreuses comme on peut le voir dans les divers manuscrits cités (du cinabre, du blanc d'œuf, de la gomme et du fiel ou du lait de figue, etc.). Dans certains cas, une dorure dite a macca était faite à l'aide d'un vernis transparent jaune d'origine chinoise, dont on recouvrait de la poudre d'argent.
Jean RUDEL - extrait du « Dictionnaire de la peinture » (Editions Larousse)

( Les illustrations de l'article proviennent du catalogue du Géant des Beaux Arts)

4 Thoughts on “Utiliser de l’or …

  1. Odile Pacchini on 16 novembre 2016 at 22 h 05 min dit:

    Hé bé! Que de termes nouveaux pour moi: dent de chien? Brunir ? Gomme adragante…il ne me reste plus qu’ à chercher.c’est bien de changer de registre et d élargir ses connaissances. Merci pour cet article.

  2. Bonjour. Je peins depuis des années à la détrempe à l’œuf (sur panneau de bois préparé de craie/colle oui plâtre/colle) et *je rêve* d’introduire l’or dans mes petites peintures. Je suis très intimidé par cette possibilité. Auriez-vous quelques suggestions à me faire ? Merci !

  3. Gilles Colignon on 2 avril 2018 at 10 h 26 min dit:

    Bonjour, Pour ma part, je cherche à connaître l’utilité de recouvrir, un panneau de chêne, d’une feuille d’or, que l’on ne verra pas au final ? En effet, je possède un tableau (+/- 30 cm x 20 cm) de la fin du XVIII° siècle, il s’agit d’un autoportrait d’une miniaturiste, probablement peint à l’huile. Les quelques coups dans la couche picturale, laissent apparaître la feuille d’or sous-jacente. Quelqu’un peut-il me donner la raison de la présence de cette couche d’or ? Merci

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