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« Cette première période de notre année nous a emmené sur les chemins de peintres naturalistes et réalistes.
Naturaliste, Naturalisme, Réalisme ... Mais de quoi parlons nous exactement ? Tous ces termes peuvent prêter à confusion » ...
Continuons ...
Les termes « Naturalisme » et « Réalisme » sont très souvent employés comme des synonymes.
Le Réalisme et(ou) le Naturalisme :
En peinture, le Réalisme est un mouvement artistique du XIXe siècle apparu en France entre 1848 et la fin du siècle.
Il se consacre à la société et plus généralement à une représentation fidèle de la vie quotidienne.
Le terme "Naturalisme" désigne le mouvement artistique entre 1880 et 1900-1920, faisant suite au Réalisme en peinture : il qualifie un type de représentation mimétique de la nature, contrairement à d'autres types de représentation, comme l'idéalisme ou le symbolisme.
Le mouvement naturaliste est depuis peu distingué du réalisme.
Le réalisme :
Son chef de file : le peintre Gustave Courbet (1819-1877) ; c'est lui qui emploie le premier le terme de « Réalisme » pour désigner cette peinture en 1855.
C'est un mouvement spécifiquement français, qui trouvera des résonances en Europe, dans le « costumbrismo » espagnol, l'École de la Haye aux Pays-Bas, et le mouvement russe des Ambulants.
« Les peintres ambulants » ou les "Peredvijniki", nous les avions déjà découverts : à revoir ici !
Le « réalisme » vise à éviter toutes traces de pittoresque, d'exotisme, ne s'attachant qu'aux faits pour atteindre une forme de vérité absolue.
Quelques peintres réalistes : Alexandre Antigna , Philéas Félix Bermond, Jean-Baptiste Corot
Gustave Courbet, Honoré Daumier pour les thèmes, non pour le style, Henri Fantin-Latour, Georges Laugée, Édouard Manet, Constantin Meunier (Belgique), Jean-François Millet, Henri Biv, Edgar Degas ... et Van Gogh, dans sa première période...
L'Après-dînée à Ornans, Gustave Courbet, 1848-1849
L'Angélus, Jean-François Millet 1860.
Le réalisme connaîtra un sursaut en France après la Seconde Guerre mondiale avec les peintres du groupe de L'homme témoin (Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, André Minaux, Paul Rebeyrolle, Simone Dat, Bernard Buffet, Michel Thompson, Gaston Sébire, Michel de Gallard, ...) qui prônent le retour au réalisme dans un manifeste qui se veut opposition radicale à l'art abstrait.
Le « naturalisme » :
Si le Réalisme, en peinture comme en littérature, a pour but la réalité objective, le Naturalisme veut à sa suite « reproduire la nature telle qu'elle l'est ».
Il accorde une importance primordiale au motif, à la nature perçue telle quelle, et au monde paysan, plutôt qu'à des scènes historiques.
La nouveauté est qu'il prend position en faveur du peuple et du monde ouvrier ; il met en scène, des paysans, des ouvriers et des pauvres ainsi que la classe moyenne, en ville et à la campagne, au travail, au repos, en société, dans leurs pratiques religieuses.
Les choix de ces artistes sont plus ciblés sur les faits de société que pour Courbet, qui leur sert néanmoins de référence.
La personnalité d'Émile Zola a été déterminante dans les choix des naturalistes.
Leurs formats sont plus « monumentaux » que ceux des peintres réalistes du milieu du XIXe siècle ; ils renouent avec la formule de Caravage où le premier-plan est quasiment à l'échelle "un sur un" ... ce qui implique d'autant plus le spectateur.
Les détails du tableau mettent l'accent sur des parties significatives : des visages épuisés ou réjouis, des mains déformées par le travail ou fines et lisses, des objets du quotidien marqués par l'usage…
Selon leur personnalité, les peintres naturalistes utilisent le savoir-faire appris dans les écoles des Beaux-Arts dans un style académique ou réalisent des toiles qui gardent un aspect inachevé, avec des couleurs claires et « brossées »: la peinture impressionniste est passé par là !.
Ce mouvement, très fortement inspiré par l'apparition de la photographie et des nouveaux moyens qu'elle offre. Tous en feront plus ou moins usage, certains réalisant leurs propres photographies dans ce but (des sociétés de photographies se sont multipliées avant 1880 et en 1888, Kodak invente l'appareil portable à la main).
L'épreuve photographique est alors agrandie scrupuleusement, souvent par la méthode de la mise au carreau, mais la composition nécessite souvent de sélectionner (éliminer certains détails), hiérarchiser (certaines parties sont simplement esquissées tandis que d'autres sont précisément détaillées) et le montage de plusieurs parties prises dans plusieurs photographies est souvent la solution la plus pratique.
On fait alors appel successivement aux modèles, aux lieux, aux animaux, aux accessoires pour des prises de vues nombreuses en vue d'un seul tableau.
Car réalisme et naturalisme pour être les plus "objectifs" possibles dans leurs réalisations, composent scrupuleusement et mettent en scène le motif pour aller au plus juste et au plus vrai du discours révélé.
Ce qui fera dire à Paul Valéry que les peintres réalistes « employèrent à décrire les objets les plus ordinaires, parfois les plus vils, des raffinements, des égards, un travail, une vertu assez admirables ; mais sans s’apercevoir qu'ils entreprenaient pas là hors de leur principe, et qu'ils inventaient un autre "vrai", une vérité de leur fabrication, toute fantastique. »
Quelques peintres naturalistes : Telemaco Signorini, 1835-1901, Max Liebermann 1847-1935 , Évariste Carpentier 1845-1922, Louis Dubois 1830-1880, Charles de Groux 1825-1870, Le peintre et sculpteur Constantin Meunier 1831-1905 , Hans Anderson Brendekilde, Thomas Eakins 1844-1916, Daniel Ridgway Knight 1839-1924, Norman Rockwell 1894-1978, Jules Breton 1827-1906, … Les peintres Ambulants actifs entre 1880 et 1920 ...
Aux États Unis, le mouvement réaliste se développera aussi ; avec des peintres comme Thomas Eakins, Norman Rockwell, Edward Hopper ; nous l'avions déjà évoqué :
relire ici et ... et pour tout savoir sur l'art américain
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" La fin du travail" ( vers 1887) - Jules Breton
84 x120 cm - New York - Brooklyn Museum