...
Reprenons le fil de notre découverte de la peinture en Provence ;
nous en étions restés au "Cubisme né à l'Estaque".

Si l'aventure cubiste commencée à l'Estaque, est une vraie révolution, avec une élaboration unique du langage pictural, une manière tout à fait nouvelle de concevoir la peinture, fondatrice de notre art moderne ... et qui a marqué définitivement le XX° s.
Cette " aventure", pourtant essentielle n'est pas la seule qui va marquer ces lieux qui ne vont pas manquer d'attirer des peintres encore enthousiastes de l'expérience fauve : Derain à Cassis, Friesz et Braque à la Ciotat,...  Braque aux Lecques ; et les mêmes  : Dufy, Braque et Derain à Martigues...

Cette expérience fauve, déjà évoquée  ne pouvait que trouver un retentissement fort sous la lumière de Marseille et de la Provence.
Revoir ici , "cubisme" et "fauvisme".

Au début du XX° s. des artistes se rendent sur la côte provençale pour travailler l'exaltation de la couleur d'une manière encore toute post- impressionniste.

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Louis Valtat " Les roches rouges à Agay " 1903

Valtat à l'Esterel, Guillaumin près d'Agay, Charles Camoin et Henri Manguin ... sur le Vieux Port de Marseille. Picabia à Martigues ... Vallotton ...
Toujours dans une recherche " arcadienne", certains de ces artistes iront peindre au Lavandou, à Saint Clair, à Cavalaire, à Saint Tropez.

Albert Marquet peindra les ports, tel celui de Saint Tropez ou de Marseille (depuis la fenêtre de son atelier de Rive Neuve), dans un travail qui de fauve, deviendra plus dilué dans la couleur, avec des tonalités dominantes de gris et de blancs. La composition entière formée de verticales et d'horizontales lointaines structurent la lumière, l'eau... le ciel... renonçant ainsi aux principes du fauvisme auxquels il avait adhéré.

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Albert Marquet " le Vieux Port de Marseille " 1916

Mais ces artistes "venus d'ailleurs" vont-ils influencer les peintres originaires de la Provence ? Peut-on parler d'une école fauve provençale ?

Même si les artistes que l'on a tendance à réunir sous cette appellation : " Seyssaud, Chabaud, Verdilhan, Lombard " ont reçu à un moment ou à un autre l'influence de ce mouvement pictural, ils suivront toutefois un cheminement, une création toute personnelle.

René Seyssaud (1867- 1952) avec une production légèrement antérieure au fauvisme peut se placer entre Van Gogh et le post impressionnisme. Il utilise une matière épaisse, des couleurs vives, des tons purs et une expressivité dans ses compositions qui traitent des paysages de Provence. Même s'il expose avec eux en 1905, il ne s'est vraiment jamais mêlé à ces fauves ;  sa peinture est personnelle, liée à son tempérament et à la " violence expressive " du paysage.

Seyssaud

Seyssaud " Un arbre au soleil couchant "

Auguste Chabaud (1882 - 1955) passera par plusieurs étapes de travail. Jeune peintre à Paris, il découvre l'effervescence urbaine le jour et le monde de la nuit. Cette période se rapproche de l'expressionnisme allemand avec des couleurs violentes, vives et dures ... cernées de noir.

Quand il revient en Provence en 1919, sa palette se fait moins dure, plus sobre mais toujours nerveuse et personnelle allant quelquefois jusqu'à une certaine abstraction.

Chabaud
Chabaud " Meules près de la maison " 1912

 Louis- Mathieu Verdilhan (1875 - 1928) est un autodidacte; il subit surtout l'influence de Marquet, même s'il expose en 1910 aux côtés des Fauves que sont Manguin, Marquet, Matisse...
Il connaît plusieurs périodes : d'abord impressionniste, puis fauve de 1907 à 1913, puis à partir de 1920, sa " manière provençale" caractéristique se met en place avec essentiellement des vues des ports dans des tons de gris, où le sujet est souvent cerné de noir ; son style est dépouillé avec des diagonales et des verticales qui rythment la composition.

Verdilhan
Verdilhan " Vieux Port de Marseille "

Alfred Lombard( 1884 - 1973) est d'abord impressionniste ; l'influence fauve n'apparaîtra que plus tard avec des compositions réalisées avec une écriture nerveuse, des couleurs posées en aplats souvent cernées ... au service d'une liberté de peindre et d' une expressivité ...

Lombard
Lombard - " Le vallon des Auffes" 1909

Plutôt qu'une école fauve marseillaise , une école expressionniste marseillaise ?

2 Thoughts on “Des fauves en Provence ? …

  1. J’aime beaucoup Louis Valtat et René Seyssaud.

    Merci pour tous tes articles. C’est super !

     

  2. Pingback: Les peintres de l’École Marseillaise-1850 à1920 – Billet n°38 – Masmoulin, artiste passionné et sa bible de l'aquarelle explore aussi l'art moderne et l'art contemporain

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