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Les Vanités désignent un type particulier de nature morte, à implication philosophique, qui évoquent à la fois la vie humaine et son caractère éphémère.

Leurs titres et leurs conceptions
sont issus de la sentence de l’Ecclésiaste,
livre de l’Ancien Testament :

« הֲבֵל הֲבָלִים הַכֹּל הָֽבֶל »
« Vanitas vanitatis et omnia vanitas »"
"  Vanité des vanités, tout est vanité "

Le terme traduit par « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ».
Le message est de méditer sur la nature passagère et vaine ( d’où « vanité ») de la vie humaine, l’inutilité des plaisirs du monde face à la mort qui guette.

C’est en même temps un élément essentiel à l’émergence de la "nature morte" en tant que genre.

La "nature morte" existe dans la Grèce et la Rome antiques, puis disparaît de la représentation picturale classique durant le Moyen-Âge, pendant près d'un millénaire.

Le Caravage -" Corbeille de fruits"
entre 1594 et 1602

Si Le Caravage met en scène avec ses fruits la vanité humaine et le temps qui inexorablement a raison de nous, les natures mortes se constituent comme genre autonome vers 1620 à Leyde en Hollande dans une atmosphère religieuse et intellectuelle marquée par le calvinisme.
Ces luttes religieuses et intellectuelles vont faire émerger ce nouveau genre de peinture de natures mortes, celui dit des « Vanités ».

De nombreux peintres en Hollande et en Flandre en produiront beaucoup pour les riches et prospères marchands d’Anvers ou d’Amsterdam.
Ceux-ci sont, dès le début du XVIIe siècle, témoins des querelles religieuses entre catholiques et protestants mais aussi des prodigieuses découvertes issues de la recherche scientifique ; ils vivent leur foi avec un sentiment de liberté.
Sentiment de liberté accru par les découvertes, mais en même temps, ils ressentent l’insignifiance de l’homme face aux nouvelles dimensions de l’univers.


David Bailly -
"
Autoportrait avec symboles des vanités" - 1651

Au sein de l’école de Leyde, des peintres comme David Bailly, puis ses neveux Harmen et Pieter Steenwijck, fixent le genre.
Bailly sera l'auteur en 1651 d'une vanité aux portraits ; il a eu pour maître Jacques de Gheyn le jeune, le premier à peindre une vanité en 1603.

Le thème est repris à Harlem par Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda vers 1625.

Pieter Claesz -
"Nature morte" - 1627

Willem Claeszoon Heda -
" Nature morte avec Nautile"

Jan Davidszoon de Heem, qui est à Leyde en 1626, l'introduit à Anvers.

Jan de Heem


Presque tous les peintres hollandais de l'époque peindront des Vanités : 
Willem de Poorter, Gérard Dou, Jan van der Heyden ...

Au XVIIe siècle, le thème prospère dans le Nord de l’Europe, en Flandres et en Hollande pour se répandre ensuite tout au long du siècle dans toute l'Europe ( la Contre-Réforme y trouvera aussi son compte)

Des peintres d'origine flamande
importent le genre en France, ainsi à Paris :
Philippe de Champaigne.

Il est repris par N.L. Peschier, l'alsacien Sébastien Stoskopff,
Sébastien Bonnecroy, Simon Renard de Saint André.

                                  Sebastian Stoskopff " Nature morte au pâté"

En Italie, Salvatore Rosa et Giuseppe Recco peignent quelques Vanités mais le genre se développe peu.
Il a plus de succès en Allemagne ( Georg Hainz(en) , … ) ou en Espagne ( Antonio de Pereda, Juan de Valdès Leal …)

Prisées à l'époque baroque, elles vont quasiment disparaître au XVIIIe siècle, mais renaissent avec Cézanne, puis plusieurs peintres du XXe siècle.

Paul Cézanne - "Nature morte au crâne"

One Thought on ““Vanités”…L’histoire

  1. Encore merci pour cette “histoire”

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